Tu prends les cartes, tu brasses les cartes, tu coupes… Dame de pique… Dame de cœur… Poker menteur… Je suis joueur… Interdit, je me suis fait interdire des tables de jeu… Interdit d’amour aussi. Je brouille les cartes… Fausses pistes… Trier le bon grain de l’ivraie… Écarter les pourquoi… Ne rien attendre… Écrire…
Des scories d’abord !
À Ajaccio le soleil se levait, l’air était tendre et la lumière fine, au marché nous avons baguenaudé entre les étals et Raphaël a fait une provision de charcuterie et de fromages de brebis, corses bien sûr, dans un grand cabas d’osier qu’il venait d’acheter au bazar qui jouxte le marché. Mon estomac criait famine. Jasmine, qui jusqu’ici planait dans la gaze de sa nuit blanche, me tirait par la manche en pointant son index sur des petites boules de pâte dorée constellées de sucre en poudre « j’en veux plein… je suis en manque de sucre… »
Sur la terrasse du bar PMU où nous nous étions assis, Jasmine, les lèvres barbouillées de sucre, me taquinait « Toi mon coco je suis sûre que tu tires ta science d’un séjour prolongé dans les bras d’une femme de braise de ce beau pays… »
- Tu te trompes jolie cœur. C’est pire !
- …
- Je connais les moindres replis de cette île.
- Et pourtant tu nous as dit n’y avoir jamais mis les pieds…
- Exact ma belle sucrée…
- Ne cherche pas à détourner la conversation en me flattant. Tu as encore pataugé dans les égouts…
- C’est mon fonds de commerce, tu le sais bien !
- Arrête ton char ! Ne fais pas ton Pasqua ! Je n’aime pas ça !
- Canal historique ou canal habituel ?
On s’acheminait doucement vers l’heure de l’apéro et les accros du Tiercé nous environnaient. Que des vieux comme seule la Corse sait en faire, en grappes, avec la somme de leurs petites habitudes. Jasmine s’est levée. Elle m’a souri en me caressant les cheveux puis, empoignant son sac, d’un pas décidé elle s’est engouffrée dans la salle du café. Les vieux n’ont pas levé les yeux. Je rêvassais. Raphaël dépiautait Corse-Matin. Et puis, alors que je m’assoupissais, une forme étrange de houle, imperceptible mais palpable, me ramenait à la surface. Les vieux avaient rectifié leur position. Il faut dire que le spectacle qui s’offrait à eux en valait la peine : Jasmine avait troqué son jean pourri et son sweet informe pour une ravissante et très courte robe à bretelles qui donnait un aperçu complet et convaincant de ses charmes. Sa peau mate déjà dorée, ses cheveux jais taillés courts, son air canaille et ses sandales de moines la plaçaient dans la catégorie des inaccessibles, celles qui choisissent. Elle se plantait face à nous « et maintenant que la fête commence ! »
Vous êtes perdus, moi aussi…
« Si tu restes toute la nuit éveillée à faire l’amour, disait-elle, tu te sens vraiment beaucoup plus reposée que si tu ronfles comme un bœuf pendant des heures. »
Salman Rushdie
Encore un retour en arrière et puis c’est fini :
Je lâchai prise, coupai tous les ponts, mais sans fuir. Sonné, KO debout, je me laissai glisser, comme ça, sans réagir, doucement, les yeux grands ouverts. Ce fut une glissade un peu raide mais toujours contrôlée, bien maîtrisée. Je savais ce que je voulais, mourir, mais à petit feu. Mon but : aller au bout de mon chemin, sans contrarier la nature, en me contentant de contempler ma déchéance. Simple spectateur de ma vie. Emmuré dans le chagrin, mes yeux restaient secs. Pleurer c'était prendre le risque de fendre ma carapace, de m'exposer à la compassion. Pour tenir je devais faire bonne figure. Alors, j'allais et venais, affrontant l'intendance qui suit la mort avec le courage ordinaire de ceux qui assument les accidents de la vie. Mon masque de douleur muette, souriante même, me permettait de cacher, qu'à l'intérieur je n'étais plus que cendres. La mort rassemble. Autour de la grande table chez Jean, le soir, nous parlions. Nous parlions même d'elle. J'acceptais même de parler d'elle. Nous buvions aussi. Le vin délie les langues et allège le coeur. A aucun moment nous étions tristes. Marie, couchée dans le grand lit de Jean, nous imposait son silence éternel.
On prit mon emmurement serein pour du courage. Aux yeux des autres, mes proches, mes amis, ceux de Marie, ses parents, j'étais admirable. Non, j'étais déjà mort. Seul Jean pressentait mon délitement intérieur. Il bougonnait, tournait en rond, maudissait le ciel et me pistait comme un vieux chien fidèle. Les mots des autres filaient sur moi sans y laisser de traces, alors que les miens, précis, menaient leur dernier combat. On me laissait faire. Avec Jean, nous décidions de porter nous-mêmes Marie en terre au cimetière de Port-Joinville. Qu'elle restât sur notre île, sans fleurs ni couronnes, relevait pour nous de la pure évidence. Ça ne se discutait pas. Le maire obtempérait, et c'est dans notre C4, au petit matin, avec Achille coincé entre nous deux, que nous sommes allés jusqu'au trou béant. De la terre remuée et ce ciel pur, cette boîte en chêne vernis à poignées argentées, un moment j'aurais voulu qu'on chantât le Dies Irae. Des mains serrées, quelques pelletées, des baisers, des étreintes, des sanglots étouffés, encore des mots échangés et nous sommes allé au café. Là, j'aurais bien voulu pleurer.
Sur la dalle, avec Jean, nous avions fixé une petite plaque en terre cuite émaillée – c'est un de nos amis potier qui nous l'avait confectionné – « Marie fleur de mai ». Il me fallait quitter l’île. Le père de Jean, vivant à demeure à Port-Joinville, me promit de venir chaque semaine lui porter des fleurs de son jardin. Dans un ailleurs flou, j’accueillais toutes ces attentions avec le sourire. Je n'étais pas malheureux. Je n'étais plus rien, un galet roulé, lisse, sur lequel je laisserais glisser ma vie. Avant de partir je suis allé sur la lande cueillir une brassée de fleurs. Jean m'attendait devant le portail du cimetière avec le grand vase de vieux Rouen qu’aimait tant Marie. Nous sommes descendus nous bourrer la gueule au port. Les marins piquaient le nez dans leurs verres. Le bateau a appareillé, sur le quai, Jean et Achille figés, vigies d’un temps heureux, me semblaient déjà s’engloutir dans le marais de mes souvenirs.
Revenons à la réalité, au bal des vanités.
Zébulon, l’écrivain par intérim, est donc désormais officiellement candidat à l’élection présidentielle, pardon à la primaire de la droite qui n’est pour lui qu’une simple formalité. Il va tous les bouffer ! Il a légué à ses petits copains, le Fou du Puy, Laurent Wauquiez qui tient maintenant les rênes du parti Les Républicains. Tout ça, selon Sarko à roulettes, c’est la faute à NKM qui aurait pu, si elle avait gardé pour elle ses ambitions présidentielles, occuper le poste de Laurent Wauquiez.
Dans Le Point du jeudi 1er septembre, il déclare droit sur ses talonnettes : «Elle a été ma porte-parole, numéro 2 du parti, et elle n'est même pas foutue de réunir les signatures de militants ? Elle serait restée bien tranquille, elle serait aujourd'hui présidente du parti ! » Normal, pour notre Sarko aux trois femmes officielles, il en est ainsi : les gonzesses doivent rester à leur place, bien tranquilles. Pas sûr qu’avec la Carla, multirécidiviste de mecs en tout genre, le concept dure aussi longtemps que les contributions indirectes. Une gamelle à la primaire et patatras retour à la maison la queue entre les jambes. Dur, dur, et plus dure sera la chute !
Pour l’heure celui que Jérôme Lavrilleux, ancien bras droit de Jean-François Copé, désignait comme « une raclure » suscite aussi les commentaires acerbes de certains membres de la direction du parti. Également cité par Le Point, Éric Woerth, secrétaire général de LR et donc deuxième tête de la direction du parti, lâche ainsi : C'est un fou ! Il est sans filtre, sans limite.
Luc Chatel aussi fait part de son effroi de voir une telle personne diriger le premier parti d'opposition. Cité par l'hebdomadaire, le président du conseil national des Républicains dit : Quand il me parle, il me glace. Il a zéro conviction mais il bosse énormément, ce qui le rend d'autant plus dangereux.
En résumé : Wauquiez est un fou dangereux sans filtre, sans limite et sans conviction. Ce qui est plutôt rassurant.
On se souvient qu'en décembre 2014, celui qui était alors n°3 du parti avait fait mesurer son bureau de l'UMP pour s'assurer qu'il était de la même taille que celui de NKM… Dernièrement, c'est sur le titre même de son poste que Laurent Wauquiez s'est insurgé. L'élu LR n'apprécie pas trop de voir accolé à son poste de président de Les Républicains le terme "par intérim". Il l'a donc fait supprimer des communiqués officiels, précise Le Point.
Nous vivons une époque formidable
A sept mois du premier tour, la liste des prétendants est pléthorique.
Benoît Zagdoun France Télévisions
publié le 02/09/2016 | 17:16
La succession de François Hollande fait visiblement des envieux. A sept mois du premier tour de l'élection présidentielle, au moins 82 Français ont déclaré leur intention de se présenter, selon un décompte réalisé par franceinfo et publié vendredi 2 septembre. Certains sont bien connus, d'autres au contraire en sont à leur toute première tentative… Pour s'y retrouver dans cette jungle des candidatures, franceinfo a établi un trombinoscope des prétendants à l'Elysée. Cliquez sur la photo de chacun des candidats pour découvrir son profil détaillé. Filtrez et triez cette liste selon les critères de votre choix.
Mais ce n’est pas tout voici le Macron qui sème la terreur sous les lambris dorés du château :
Candidature Macron: ces chiffres qui font peur à l’Elysée
L’ex-ministre de l’Economie, presqu’aussi populaire qu’Alain Juppé, est le seul, selon les sondages, à avoir une chance de qualifier la gauche au second tour. Et de battre Sarkozy!
Le couple Macron à la Une: les nouveaux Sarkozy de la politique?
La ménagère ne parle plus macreuse, elle parle Macron. Et cela énerve la classe politico-médiatique traditionnelle. Macron à la Une deParis Match. Macron à la Une de VSD. Emmanuel et Brigitte, couple uni en route vers l’Elysée. « Ringard » et « vintage », « old school » et « années 80 » disent les critiques de l’establishment. Oui, sans doute, à ce détail près que dès que Paris Match affiche Macron en tête de gondole, les ventes de l’hebdomadaire s’envolent.
Le paradoxe est pour le moins surprenant. Voici un pur produit de la verticalité française, passé par l’ENA et la Banque, l’Elysée et le gouvernement, parrainé par les puissances de l’époque, qui font et défont les carrières, lancé tel une torpille contre le système qui l’a fait roi, en écho avec l’aspiration contemporaine à l’horizontalité. Macron est vilipendé par les journaux politiques de la tradition, qui par vocation détestent les détournements people de la politique, mais adulé par les journaux destinés à la ménagère en mal de nouvelle sensation.
Hollande est-il vraiment plus bavard que ses prédécesseurs?
Ainsi donc deux questions d’une extrême gravité dominent-elles les débats de cette rentrée politique. La République est-elle soluble dans l’eau de mer dès lors que les femmes qui s’y baignent portent un burkini? La même République est-elle abaissée dès lors que le Président semble passer plus de temps à fréquenter les journalistes qu’à redresser le pays?
Faute d’avoir un avis tranché sur la première question, on se contentera ici de mettre notre grain de sel dans les discussions passionnées que soulève la seconde. L’auteur de ces lignes fait partie de ceux auxquels François Hollande fait parfois l’honneur d’ouvrir les portes de son bureau. Exceptionnellement, cette chronique traitera donc d’un sujet qu’il connait autrement que par ouï dire.
«Combien de fois?» me demandait récemment un confrère curieux. Bêtement, j’ai failli lui répondre : et dans quelles positions? J’avoue ne pas avoir compté le nombre de mes rencontres avec le chef de l’Etat depuis qu’il est en fonction. Ce qui est sûr, c’est que mes performances sont très nettement inférieures à celles de ces nouveaux Don Juan de la presse politique que sont mes confrères Rissouli et André (20 fois) et Davet et Lhomme (60 fois).