Jamais il ne faut dire jamais…
Prenez mon cas, que certains jugent désespéré, jusqu’à ce jour j’affirmais haut et fort que, jamais au grand jamais, on ne me surprendrait à sacrifier à l’envoi de cartes postales aux amis ou à la famille et pire encore aux collègues de boulot.
Je vous concède aisément qu’il avait dans ce refus, c’en était un, une part de snobisme de 68 hard non-révisé, un côté je ne fais de tourisme moi, mais aussi une forme de paresse largement assumée : prendre le temps d’aller acheter une carte pas trop tarte, de s’assoir en terrasse pour y griffonner au dos quelques mots pas trop idiots, acheter des timbres, feuilleter son carnet d’adresses bel exemple de foutoir, transcrire l’adresse, coller le timbre, glisser la carte dans la fente prévue à cet effet. Ouf ! Pire encore lorsque vous êtes à l’étranger, alors là c’est l’horreur. Je n’ai jamais compris que la Commission Européenne, qui se préoccupe des chasses d’eau, n’ait pas pondu une directive instaurant le timbre unique.
Bref, comme dit le gus qui vient d’en tartiner trois couches, pourquoi diable cette année ce revirement de jurisprudence ?
- Pour contribuer à l’équilibre financier de la Poste !
C’est à peine une galéjade, tout le monde geint à propos de la disparition des bureaux de poste mais qui aujourd’hui entretien des échanges épistolaires suivis via le courrier ? Le trafic est en chute libre, sauf pour les factures et la publicité, alors adieu facteur, factrice en vélo ou en auto, c’est la fin des haricots.
Plus grand monde en effet, moi le premier, et pourtant avant l’irruption du courrier électronique j’étais une grand adepte de la lettre manuscrite, surtout avec mes chéries. Pauvre de moi, les paroles volent, les écrits restent !
Mais, vous vous doutez bien que ce n’était pas l’unique raison de ma nouvelle lubie cartepostalgière.
J’avais une petite idée derrière la tête.
Dans le vin, la nouvelle tendance des chroniqueurs qui n’ont plus grand-chose à écrire c’est l’accord mets-vin. Tout y passe, même si je n’ai pas encore lu : que boire avec l’oignon cru ? Alors je me suis dit je vais trouver des accords entre la carte postale et l’ami (e) à qui on l’envoie.
Comme je suis un chineur repenti, sitôt après avoir posé le pied sur l’Île de Beauté je me suis précipité aux Puces d’Ajaccio qui se tiennent le dimanche sur le front de mer près du casino. Et j’ai cherché et j’ai trouvé des cartes postales anciennes. J’ai négocié un prix de gros et j’ai glissé mon butin dans mon sac.
Le même jour, j’ai rechuté et j’ai acheté un petit tableau des années 50.
Mais ce n’était pas tout, ma moisson n’était pas complète, j’avais une autre idée derrière la tête : trouver de bonnes reproductions de cartes anciennes.
Et bien sûr j’en ai trouvé et je les ai achetées… Il ne me restait plus qu’à les apparier.
Vaste programme !
J’ai mis du temps mais j’y suis arrivé. Il ne me restait plus qu’à écrire au dos et là j’y ai encore passé beaucoup de temps un soir à la veillée.
Stakhanov n’était à côté de moi qu’un petit amateur : 32 cartes au compteur !
Du beau boulot, de la belle ouvrage écrite en pattes de mouches : ce n’est pas Dieu possible comme le clavier vous fait perdre la belle graphie !
J’ai posté le tout à la boîte aux lettres de Sagone qui est relevée chaque jour à 9 heures du matin, les Corses sont des oiseaux de nuit.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la carte-postale alors vous pouvez consulter deux ouvrages de référence : l'Historique de la Carte postale illustrée française et du Dictionnaire de la Cartophilie Francophone, co-signés par Albert Thinlot et Paul-Noël Armand.
Ils y définissent ce qu’est une carte postale« La carte postale est un imprimé sur un support semi-rigide destiné à un usage postal, pour une correspondance brève à découvert».
Pour les férus d’Histoire ils peuvent lire ICI
Et comme en France tout finit par des chansons voici Francis Cabrel