Dans le cadre de mes cours pour éduquer les petites louves et les petits loups à l’art de la cuisine de ménage, qui sont très suivis par la famille Perraud, l’Isabelle et Élodie en tête, je vous propose en ces temps caniculaires une préparation à la portée d’un mec qui ne sait pas faire cuire un œuf ou d’une nana qui ne veut pas écailler son vernis à ongles.
RECETTE EXPRESS : pour 6 personnes
1- Ingrédients :
- une boîte ou 2 de tranches d'ananas au jus (560g net égoutté 350g) selon votre appétit ;
- une boîte de crabe Chatka (240g net égoutté 140g) ;
Crabe Chatka 100% pattes 44,20 € 210 g
- une boîte de maïs doux (150g) ;
- des tomates-cerises de diverses couleurs à votre convenance ;
- des poivrons verts nains pour la décoration ;
- du piment de Cayenne ;
- poivre moulu ;
- jus de citron et huile végétale ;
- moutarde de Dijon ;
- persil.
2- Préparation :
- ouvrir les boîtes et égoutter ;
- préparer dans un grand saladier la sauce : monter la moutarde arrosée du jus de citron avec l'huile ;
- verser les tranches d'ananas dans la sauce puis les pimenter et les poivrer ;
- ajouter le maïs doux et les tomates cerises ;
- ajouter la chair de crabe Chatka ;
- mélanger énergiquement et re-pimenter et re-poivrer ;
- disposez avec goût la chair des pattes du crabe Chatka et les poivrons verts nains ;
- parsemez de persil haché ;
- placez votre saladier dans un endroit frais ou au bas de votre réfrigérateur.
RECETTE ARTISANALE :
Pour celle-ci vous devrez aller chez votre mareyeur, acheter un tourteau dit « dormeur » ou une araignée, vivants. Les plonger dans une grande marmite remplie d'eau froide salée avec bouquet garni puis les cuire (temps selon le poids à partir de l'ébullition).
Les laissez refroidir.
Les « épibosser » - appellation vendéenne contrôlée signifiant séparer la chair de la coquille et des pattes - pour obtenir l'équivalent du poids d'une boîte de crabe Chatka.
Pour l'ananas l'acheter frais, je vous conseille les petits ananas Victoria de la Réunion, le peler et faire des cubes.
Pour le maïs il est vivement déconseillé d'aller ramasser une poupée dans le champ du voisin et ce pour deux raisons : primo vous risquez du plomb dans les fesses, secundo de vous casser les dents puisque le maïs à vache est hard.
Pour les tomates vous pouvez, comme moi, en faire pousser sur votre balcon ou pour les provinciaux dans votre jardin.
Pour la préparation : sans changement.
Du côté jus de treille qui va avec mon crabe aux pinces d'or je me suis adressé à 2 stars des vins nus : la nouvelle étoile qui monte, notre Claire la cantinière-sommelière d'altitude au Lapin Blanc et le précurseur Pierre Jancou, le taulier du tout nouveau Achille, par qui les vins vivants ont pris racines dans le terroir de Paris.
Je vais donc vous la faire compliqué alors que ce fut très simple :
1er acte je dîne chez Achille avec 2 amis, au dehors, le temps est lourd, pour le vin je laisse le Pierre à la manœuvre. Notre Jancou est presque 100% auvergnat. Il nous sert de l’Aurélien Lefort. Le premier flacon file dans nos gosiers, tel un fil dans la navette de la Singer de ma couturière de mère. Nous en commandons un second, et là Pierre nous sort une petite merveille de derrière les fagots vite tombée au champ d’honneur.
2ième acte je décide de vous proposer ma salade d’été et je la prépare en vrai.
3ième acte dans ma petite tête de chroniqueur je secoue le tout : je pense au vin de Pierre et je me dis que la Claire, la madone des hauteurs de Ménilmontant, aux papilles enluminées, serait la plus à même de m’accorder ce plat avec un vin à elle.
4ième acte je monte rue Servan chez Pierre pour mieux connaître le vin qu’il nous a servi et là, comme j’ai le cul bordé de nouilles, je tombe sur qui au bar d’Achille ? Je vous le donne en mille : sur Aurélien Lefort. Alors c’est simple comme un petit échange avec le vigneron. Notre Aurélien, vigneron en Auvergne depuis 2011, au sud d’Issoire, a décidé d’élaborer une pièce (220 l) en achetant des raisins de vieilles vignes, cultivées en biodynamie, à Faugères, près de chez Barral. Il transporte le raisin en cagettes jusque chez lui. Le laisse s’adapter au lieu, l’égrappe, l’encuve pour une cuvaison longue de 2 mois.
C’est un 100% carignan, un rouge comme je les aime. Top pour ma salade exotique, il tient le coup, se marie sans passer devant le maire. Quel beau couple !
5ième acte je transporte ma salade jusqu’à la cantine d’altitude le fameux Lapin Blanc. Y’a du monde et la Claire va et vient sans relâche. Promis, juré, après le service elle officie. Je rentre at home rassuré.
6ième acte le lendemain, sans nouvelles de ma marieuse, je m’inquiète. À juste raison, la madone de Ménilmontant a exploré les premières lueurs de l’aurore et n’a pu officier. Elle implore mon pardon que je lui donne sans absolution.
7ième acte le samedi je dîne chez Passerini en bonne compagnie, dont celle de la Claire tout de jaune vêtue. Au cours de nos agapes un sms, photo à l’appui, m’informe que ma salade exotique fait le délice des accros du Lapin. Précision, une part est laissée à la Claire, moins sainte qu’elle n’y paraît.
8ième acte le mariage est consommé, la madone a officié, ce sera « On n’est pas bien là » d’Aurélien Petit de Montpeyroux. C’est un blanc, grenache blanc-clairette. Sans monter en chaire, elle explique « ce vin très aromatique fait bon ménage avec l’exotisme de l’ananas, à la fois vif et dynamique mais pas trop long en bouche ce qui laisse à la chair du crabe le temps de s’exprimer. C’est une bouteille estivale pour buller au soleil ! »
Voilà l’histoire, et croyez-moi avec de tels collaborateurs la vie est bien moins triste qu’avec les goûteurs patentés, bardés de leurs certitudes enveloppées de commentaires éculés.
Jeu concours de l’été : quel est le seul lien entre les 2 vins ?
En cas de bonne réponse une dégustation gratuite offerte en septembre par mes soins au Lapin Blanc.