Je suis un très affreux jojo lorsque j'extirpe de la naphtaline la saga de Red Bicycle inventée par les frères Gallo avec du Pinot du Langued'Ô pour mieux vendre du vin franchouillard aux Amerlos. Le Sieur d'Arques ne changeait point l'eau en vin mais savait pinoter du merlot pour les Etasuniens.
Red Bicyclette is a French wine produced by the Sieur d'Arques cooperative and distributed in the USA by the E. & J. Gallo Winery. Its distinctive label appeals to consumers who prefer branded wines, labelled with the variety of grape from which they are made, rather than by the exact location. The following grape varieties are sold under the Red Bicyclette label: chardonnay, merlot, pinot noir, rosé and syrah.
Certes mon vélo est moins célèbre que celui de Monsieur Hulot mais il n’empêche que régulièrement dans la rue, lorsque j’accroche son licol à un poteau, des passants s’esbaudissent : « qu’il est beau, votre vélo ! » et la conversation s’engage. Pour sûr que de se balader avec un animal de race dans Paris ça attire des compliments et ça créé des liens.
Souvent mes interlocuteurs me demandent : « mais où avez-vous donc acquis cette belle bête ? » Je réponds : chez en selle Marcel !
Ha ! Le Marcel bleu marine emblématique du populo en congepés et bien sûr le célèbre chauffe Marcel ! De Jacques Brel dans Vesoul. Ça sent bon la petite reine, les guinguettes des bords de Marne, le musette, l’anisette, les canotiers des mecs, les jupes fendues des filles, la fête et les plaisirs…
Seuls les bobos qui ne font pas de vélo et les gros culs motorisés sur 2, 3 et 4 roues, pensent que Paris est un plat pays. Je ne grimpe jamais en danseuse, toujours au train. Alors comme je me rends chaque semaine du côté de Terroir d’Avenir faire mes courses je passe souvent par la rue Tiquetonne où est installé le siège d’En selle Marcel. Je n’en finis pas d’y admirer leurs beaux destriers. Et puis, à force de pédaler sur la chaussée défoncée de Paris, merci madame Hidalgo pour votre amour pour le vélo, je me suis dit qu’un cavalier se devait de posséder des étriers.
J’ai donc doté mon beau destrier de cale-pieds !
En côte ça permet de mieux tirer sur les pédales et la côte de Ménilmontant ce n’est pas un de ces petits dos d’âne chers aux aménageurs de notre chère Anne, mais une rude pente. Bref, je suis maintenant armé pour affronter les hauts et les bas de Paris.
Et c’est justement à mi-côte de Ménilmontant que je fais une pause ravitaillement de lecture au monte-en-l’air chez Guillaume un habitué du Lapin Blanc qui tient une librairie-galerie située sur une charmante petite place cernée d’arbres et de bancs en face de l'église Notre-Dame-de-la-Croix. C’est un lieu tout en coins et recoins, une caverne d’Ali Baba emplis de livres et de BD comme je les aime. C’est un lieu engagé, qui affiche sa couleur avec des ouvrages alternatifs, politiques, sociétaux… les arts graphiques y sont particulièrement bien représentés, le fonds consacré à la bande dessinée indépendante, à la jeunesse et à la microédition (fanzines, imports, sérigraphies...) est l'un des plus impressionnantes de la capitale.
Un samedi de juin où le soleil n'était pas aux abonnés absents je m’y suis arrêté en fin de journée. Un timide soleil perçait encore dans un ciel lourd de nuages. Sur l’arc du trottoir Miroslav Sekulic à l’occasion de la publication du Second opus des aventures de Pelote dans la fumée(lauréat du prix BD Montreuil 2015) publié aux éditions Actes sud BD le dédicaçait à sa manière : avec son pinceau.
« C'est une sensation forte, instantanée : cet univers apparemment réaliste, foisonnant de détails comme captés sur le vif, n'existe pourtant que dans le regard d'un dessinateur à la palette particulièrement fertile.
« Au-delà de ce que ce jeune dessinateur croate autodidacte a voulu glisser ou non de sa propre expérience dans son premier livre, il y a l'impact d'une esthétique virulente, proche de la caricature, qui, pourtant, capture la vérité profonde d'une humanité disloquée, affrontée à une société qui la rejette […] Délesté de toute morale explicite, il atteint ainsi, quand rien ne l'annonçait, à une forme de poésie brute de l'instant : la signature d'un tempérament artistique hors norme. »
Critique de Télérama
Un autre lieu que je fréquente souvent pour approvisionner mon frigo et mon garde-manger c’est RAP la caverne d’Ali Baba de la belle Alessandra. Son échoppe est plantée tout au bas de la rue des Martyrs et je ne résiste pas au plaisir de vous offrir – « Dans la salle du bar-tabac de la rue des Martyrs » chanté par Pigalle
Alessandra Pierini c’est La conteuse d’Italie.
C’est Stéphane Davet qui nous le dit dans le Monde
« Dans son épicerie-cave à vins, à Paris, Alessandra Pierini a rassemblé des bouteilles et des produits transalpins choisis pour leur qualité exceptionnelle. Et l’histoire qu’ils murmurent.
« Testaroli de l’Apennin, squacquerone d’Emilie-Romagne, ubriachi de Vénétie, colatura de Campanie… Autant de spécialités culinaires inconnues de la majorité des Français qu’Alessandra Pierini prend un malin plaisir à faire découvrir. Conteuse passionnée, cette Italienne est intarissable sur l’origine, l’histoire et le goût des mille et un produits qui font de RAP, son épicerie parisienne, une caverne d’Ali Baba de la gastronomie transalpine.
Arrivée en France au début des années 1990, cette petite-fille de paysans des environs de Parme, devenus crémiers à Gênes, a tenu un restaurant-épicerie à Marseille pendant dix-sept ans avant de s’installer à Paris. Cuisinière, auteure (dans la collection ” Petit précis de gastronomie italienne ” aux Editions du Pétrin), conférencière, organisatrice de l’étape française du championnat du monde de pesto au mortier, la fine épicière est également caviste. Sous de vieilles voûtes prolongeant les caves voisines de l’église Notre-Dame-de-Lorette, le sous-sol de son magasin, situé rue Fléchier (dans le 9e arrondissement), renferme plus de 360 vins italiens. Procédant avec les vignerons comme elle le fait avec la centaine d’artisans dont elle est l’ambassadrice, Alessandra n’aime rien tant que se déplacer dans les régions viticoles de la Botte, en particulier sur les îles, pour en rapporter les meilleures bouteilles. Et autant d’histoires qui feront voyager ses clients.
L’insatiable pisteuse de goûts aime débuter sa croisière par la Sicile. Elle se passionne pour ses légumes, ses agrumes, ses criées aux poissons, sa cuisine de rue et la variété de ses vins. A commencer par ceux de l’Etna. ” Longtemps négligés, ils ont été relancés dans les années 1990 sous l’impulsion de la cave Benanti et des recherches d’un historien oenologue, Salvo Foti “, précise Alessandra. Les rouges de l’appellation etna rosso sont principalement constitués de deux cépages poussant sur les pentes arides du volcan, parfois à plus de 1 000 mètres d’altitude. ” Le nerello mascalese produit un vin assez tannique, bien structuré, aux arômes de cerise. Le nerello cappuccio donne des vins plus souples. En les assemblant, on parvient à une grande élégance. ” Les blancs etna bianco utilisent les cépages carricante (à 80 %) et catarratto pour des vins aux arômes d’agrumes, avec des notes d’anis et de miel.
La patronne de RAP recommande les rouges de l’appellation cerasuolo di Vittoria qui, au sud-ouest du golfe de Catane, assemblent deux cépages typiques de l’île, le sombre nero d’Avola, proche de la syrah, et le plus léger frappato. Longtemps destiné aux assemblages, le grillo, cultivé dans toute l’île, se suffit dorénavant à lui-même tant est plaisant son bouquet fleuri. ” J’adore celui produit par Lorenzo Piccione di Pianogrillo, un sympathique aristo qui parcourt à cheval ses vignes et ses oliveraies. ” Les vins, les huiles, mais aussi les charcuteries du baron sont en bonne place dans les rayons de RAP. Entre le sud-est de la Sicile et les côtes tunisiennes, l’île de Pantelleria produit un savoureux liquoreux à partir du muscat d’Alexandrie (appelé là-bas zibibbo). On trouve aussi chez RAP un rarissime sec, Serragghia bianco zibibbo, vieilli en amphores par Gabrio Bini. ” Cet architecte milanais s’est passionné pour l’île, au point d’y produire aussi des câpres, qu’utilise d’ailleurs le chocolatier parisien Jacques Genin, dans un étonnant praliné. ” Cap enfin sur la Sardaigne, une des plus anciennes régions viticoles d’Italie. ” L’île a longtemps beaucoup produit sans se soucier de qualité, mais elle a fait de gros progrès ces dix dernières années “, estime Alessandra. Plantés près de la côte, les cépages rouges comme le carignano (carignan) ou le monica di Sardegna donnent des vins assez puissants, quand le cannonau (grenache) porte plus sur le fruit. En blanc, le vermentino, également populaire en Corse et en Ligurie, tient la vedette. Le plus apprécié est celui de la région de Gallura, au nord de l’île. Fleuri, délicat, il peut être associé à un peu de muscat comme dans le ” Renosu ” de chez Dettori, avec lequel Alessandra adore trinquer pour l’apéro. »