La place de Bordeaux a enfin ses deux mots valise pour expliquer tous ses maux : Bordeaux-Bashing !
Et pourtant, sur cette belle place où les grands vins naissent bien plus vite que les cent fleurs, à l’heure dites des Primeurs, œuvrent les 5 plus grands inséminateurs de vin de la planète.
Même qu’à l’aube du premier avril, ces bretteurs (combattants des bretts), ces nouveaux grands manitous du vin, ces guérisseurs d’écrouelles croisaient le fer chez Alain Passard, à l’Arpège rue de Varenne à quelques pas de ce pauvre Stéphane Le Foll bashé grave, lors du congrès de la FNSEA à Laval, par l’Inconnu du vin, un certain Despey Jérôme, bien connu du côté de l’auge qui nourrit les sous-chefs du grand syndicat lorsqu’ils occupent l’essentiel de leur temps (au moins 3 jours) à Paris dans les antichambres ministérielles.
Les agriculteurs en ont « marre de l'amateurisme au plus haut niveau de l'État. Nous attendons que les ministres suivent ou dégagent », a-t-il lancé, suscitant comme ses collègues les huées de la salle à chaque mention du nom de Stéphane Le Foll.
Je suis sûr que, la queue entre les jambes, il dira, avec l’air contrit des faux-culs, à Monsieur le Ministre qu’il ne pouvait pas faire autrement face aux troupes, qui aime bien châtie bien dira-t-on.
Bref, du côté d’entre les jambes, du côté des « inséminateurs » des vins de Bordeaux, le Michel Rolland est sans aucun doute le plus sévèrement burné lorsqu’il défouraille sans sommations sur quiconque lève la plume pour pratiquer le fameux Bordeaux Bashing qui a le dos aussi large que la Porte d’Aix.
« Il n’y a pas d’antidote à la connerie. Elle est de plus en plus monumentale. Pour moi, 2015 est un très grand millésime. Il y a trop de cons pour s’en apercevoir. On s’en apercevra dans dix ans, comme d’habitude. On est dans un monde sans couilles, on vit avec des sans couilles. Point à la ligne. Il n’y a pas un journaliste qui s’en apercevra. De toute façon, il n’y a pas un journaliste qui a du poids dans le monde aujourd’hui. On n’en a rien à cirer des journalistes. Ça n’a rien à voir avec le marché. Ils peuvent dire, écrire et penser ce qu’ils veulent, tout le monde s’en fout comme de l’an quarante ! Quand ils sauront ça, peut-être commenceront-ils à devenir humbles. Pas à devenir intelligents, car ce sera difficile, mais à raisonner différemment.»
C’est beau comme un lever de jambe le long d’un arbre, la prostate sans doute, tout en finesse et subtilité.
Pourquoi donc pisser sur ce qu’on a tant vénéré ?
Un propriétaire facétieux me répond :
Je suis prêt à parier qu'il a eu quelques clients bananés par le Wine Spectator. Moi j'ai eu 89-92. Ça fait jamais plaisir.
Bon, après tout je m'en tape, je ne vends pas en primeur.
À mon avis c'est un coup du négoce pour que les prix ne s'envolent pas tout de suite.
Et dans 2 ans, le WS ragoûtera et rajoutera 3 points à tout le monde, et les négociants empocheront le pactole.
Suckling qui met des notes de malade aux clients de HdB conseil.
Et Molesworth qui taille tout le monde sauf les vins Moueix.
C'est amusant cette année...
Oui et ce n’est pas fini car le Bibendum de Barcelone, qui n’aime rien tant que de placer ses bijoux de famille sur le zinc, entrait dans le même temps en épectase par la grâce de cher Michel.
« Comment ne pas en tirer une petite gloriole? Tant pis pour la fausse modestie, mais il me plaît de lire ces quelques mots de Michel Rolland aujourd'hui dans le quotidien argentin La Nación. Le célébrissime Flying winemaker annonce la fin d'une époque, celle-là même sur laquelle il a fondé sa réputation. En un paragraphe, péremptoire, définitif, il enterre le système de notation des vins. Ridicule concours de quéquette dont je n'ai eu de cesse de me moquer, ici, encore il y a quelques mois. Je l'avoue, il est agréable d'avoir raison trop tôt…
Ce que dit le barbu gascon est simple, en voici une traduction littérale:
« Je crois que désormais, les notes n'ont plus d'avenir. Ça a été une époque. Ça a fonctionné durant les trente-cinq dernières années, mais aujourd'hui elles vont disparaître, parce que n'importe quel dégustateur peut avoir son opinion de ce qui est le meilleur; ce sera une bonne opinion, mais ce sera la sienne, mais pas la vôtre ni la mienne. Nous allons goûter un vin, et à moi, il ne va pas me plaire mais à vous oui. Alors, qui a mauvais goût? Vous ou moi? Nous ne savons pas. »
Là je me gondolais comme on dit chez Aldi avec le MOF de service dont j’ai déjà oublié le nom.
Bref, ces appellations diverses et a variées pour désigner ces nouvelles fées des chais me permettent de justifier celle d’inséminateurs de vin, une forme de paternité extérieure fort utile pour mettre bas de beaux vins. Ne voyez là de ma part aucune malice, les inséminateurs aiment les paillettes...
À ce stade je passe la plume au Stéphane Bern des châteaux de Bordeaux, le grand, l’irremplaçable, l’unique César Compadre sans doute rameuté par Isabelle Bunisset pour être le témoin des agapes des 5 grands manitous de la place de Bordeaux.
« Ils sont appelés « conseillers » dans d'autres métiers, l'univers viticole préfère les baptiser « consultants ». Sûrement parce que leur rôle va bien au-delà de celui, par exemple, d'un simple conseiller juridique ou fiscal comme on en trouve pléthore dans le monde du travail et de l'entreprise.
Éric Boissenot, Hubert de Boüard, Stéphane Derenoncourt, Denis Dubourdieu et Michel Rolland, tous Girondins de naissance ou d'adoption, sont des pointures de ce métier. À eux cinq - avec leurs équipes -, ils conseillent des centaines de propriétés dans le Bordelais, ailleurs en France et dans le monde entier. Les plus grands noms du Médoc, de Saint-Émilion, d'Afrique du Sud, du Chili ou de Californie, mais aussi des châteaux plus modestes, ayant cependant les moyens de se les payer. »
L'article ICI
Bashing vous avez dit Bordeaux Bashing, étrange façon d’expliquer la croissance molle, disons très queue basse des exportations de Bordeaux en Europe (fine allusion aux burnes évoquées par le père Michel) :
« En 2015, l'Europe ne représente plus que 39% du volume exporté contre 45% en 2014 », a précisé le président du CIVB Bernard Farges, qui a souligné la forte baisse de la demande allemande. Le chiffre d'affaires a progressé de 2% au Royaume-Uni (204 millions d'euros) malgré une baisse des volumes de 7% (184.000 hectolitres).
Hors Europe, les vins de Bordeaux ont enregistré une légère hausse des volumes expédiés vers les États-Unis avec 179.000 hectolitres et un chiffre d'affaires en hausse de 14% à 203 millions d'Euros, notamment grâce aux effets de change. 2015 a également été marquée par un fort intérêt pour les vins haut de gamme à Hong Kong avec une baisse de volume de 7% mais une forte progression du chiffre d'affaires à 271 millions d'euros (+26%). Le premier marché pour les vins de Bordeaux reste néanmoins la France, où ont été commercialisés 58% des volumes en 2015, soit 4,8 millions d'hectolitres, en baisse toutefois de 5%. »
Jacques Dupont : Comment voyez-vous l'avenir des ventes primeurs, et au-delà l'évolution du métier de négociant, pièce maîtresse du système ?
Ariane Khaida Duclot : Comme les dernières campagnes n'ont pas eu un franc succès, si on rate cette année, c'est dangereux pour l'avenir des primeurs. Ces dernières années, l'envolée des prix de certains crus emblématiques a fragilisé le système. Mais les propriétaires voyagent, reçoivent, échangent beaucoup, et semblent réagir, on sent qu'il y a une prise de conscience.
De même, le métier de négociant est en train de changer… Avant, les notes de Robert Parker tombaient, et nous n'avions pas grand-chose à rajouter… On se réapproprie un devoir et une capacité de prescription. Pour ça, il faut des équipes formées, c'est un gros travail, mais nous ne sommes pas seulement des « passe-plats ».
Avec la Vinicole on réinstalle les vins de Bordeaux sur les cartes de vins, on passe beaucoup de temps à faire déguster, à recevoir, à réapprendre Bordeaux aux sommeliers, ça fait partie intégrante de nos activités. Aujourd'hui on a 300 grands restaurants à Manhattan où l'on trouve des verticales complètes de Bordeaux (différents millésimes d'un même château). L'enjeu est de faire le même travail en France.
L’intégrale ICI
Et si ce désamour n’était que le fruit du bûcher des vanités des Primeurs GCC, cet arbre resplendissant qui cache la pauvre forêt des bouteilles de Bordeaux alignées dans les tristes travées de notre GD ?
Antoine Gerbelle Quand la fièvre monte, on accuse le thermomètre... #finderègne
Guillaume Baroin Pro Ce n'est pas bien monsieur Rolland de mordre la main de ceux qui vous ont donné médiatiquement vie!
Pourtant depuis Mondovino vous avez été habitué au Rolland-Bashing, non?
Je ne ferai pas le même commentaire en remplaçant le mot journaliste par consultant, il en existe d'excellents et de mauvais... comme dans toute profession.
Comme je suis bon garçon je vous invite à lire la réponse au Bordeaux Bashing d’une plume qui en profite pour se faire un petit coup de pub, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.