La conjonction du grand barnum agricole de la Porte de Versailles, vitrine d’une agriculture fantasmée, et d’un monde agricole qui prend en pleine tronche le boomerang des turbulences du grand large, de cette concurrence impitoyable voulue et souhaitée par celles et ceux de leurs dirigeants professionnels et politiques qui ont détricotés la fameuse PAC*, provoque une soudaine érection de géo Trouvetout sur les réseaux sociaux. C’est le concours Lépine des solutions clés en main qui résoudront tous les maux de nos éleveurs. Pêle-mêle les vaches, cochons et Perette et son pot au lait se retrouvent convoqués par ces Diafoirus du XXIe siècle.
* Dacian Ciolos ne cache pas à François Fillon les difficultés de la régulation des marchés en Europe : « Le problème monsieur le Premier Ministre, c’est qu’il est plus difficile de mettre en place de nouveaux instruments que de modifier des instruments existants. Or on a tout libéralisé dans la PAC. Tout. » Il ajoute malicieusement : « Le plus souvent avec l’assentiment du gouvernement français. »
Parmi eux, le plus prolifique, un intermittent de la casserole, dont on attend, comme sœur Anne, depuis plus de 2 ans, l’ouverture d’un bouiboui dont il serait le gâte-sauce.
Que préconise-t-il ce Savonarole de la casserole, devant l’écran de son beau Mac, pour venir en aide à nos fils de la terre ?
« Vous voulez en finir avec l'industrie agroalimentaire qu'évoque Jean-Marcel Bouguereau, celle-là même qui tue les agriculteurs? Arrêtez immédiatement d'acheter sa production. C'est simple, achetez du cru, du brut, et cuisinez. Refusez leurs marques et leurs emballages. Décidez à la place des « on » et des « ils ». Usez et abusez de votre réel pouvoir.
Immanquablement, les belles âmes, toujours larmoyantes, embrayeront sur le couplet suivant, celui du « c'est pratique », « on n'a plus le temps ». Argument honteux (et d'autant plus dans un pays comme la France où la durée du travail est une des plus basses du Monde), oublieux de celles et ceux qui nous ont précédés. On n'avait plus de temps quand on devait cuisiner sans gaz, sans eau courante, sans électricité, sans voiture, sans réfrigérateur? Là encore, le temps, c'est un choix, que l'on assume, comme celui de ses fournisseurs et ce qu'on y achète. Réapprenons à faire les courses (ça s'apprend!), à utiliser tous les nouveaux modes de distribution à notre portée, remettons-nous à manger de tout, économiquement. »
Bonne pioche me direz-vous. Hormis la stigmatisation des feignants de Français avec un petit côté non-dit du retour des femmes à la cuisine en plus du repassage, du ménage, du torché des gamins, en oubliant les temps de transports des urbains, je n’en disconviens pas. C’est un vrai choix de société que je défendais dès le 27 février 2008 dans une chronique Recherche pouvoir d'achat, désespérément !
Nul besoin pour autant d'en appeler au bon vieux temps où je me lavais le matin au Bourg Pailler dans une cuvette d'eau froide. Autre temps, autres moeurs, il est trop facile de faire des prêches sur la Toile, le cul bien au chaud dans une grande métropole, de verser des larmes sur le village déserté, par lui y compris, les urbains sont majoritaires et les ruraux ont pris les même plis.
Mais comme le disait le picto-charentais JP Raffarin « Notre route est droite mais la pente est forte. »
Les idées simples, aussi bonnes soient-elles, évitent rarement l'écueil du simplisme réducteur du y'a qu'à magique. Restons modestes quand aux effets à court-terme sur les modes de production et de commercialisation, d'un retour à nos casseroles.
Bref, 8 ans pile poils après je vous ressers machronique sans aucune correction :
« L'actualité est bonne fille et les grands médias moutonniers : « La liste noire des prix qui flambent » de 60 Millions de Consommateurs tombe comme un scoop. Va-t-on, comme au temps de François Missoffe : suivre le boeuf, en l'occurrence ici la vache au lait d'argent... Alerte à Matignon, les fins limiers de la DGCCRF sont lancés sur la piste broussailleuse des marges, le petit jeu « de ce n'est pas moi c'est l'autre» : Buisson de l'ANIA d'un côté, l'omniprésent MEL de l'autre, fait fureur, au Salon de l'Agriculture c'est l'omerta du côté des producteurs... Certains vont même regretter le contrôle des prix. Pour ma part, déjà quelque peu agacé par l'hypocrisie ambiante, j'avais commis, voici une dizaine de jours cette petite chronique que je tenais au chaud, je vous la livre en pleine surchauffe médiatique.
« Cherche pouvoir d’achat, désespérément ! »
Vaste programme !
Ma réponse simplette, même si elle ne satisfera ni les économistes distingués qui vont brocarder mon approche par l'infiniment petit, ni les politiques plus portés sur les grandes envolées que sur le riz au lait, a au moins le mérite de dégager, sans effet de manche, du pouvoir d’acheter sonnant et trébuchant.
En clair, faire pour moins cher soi-même vaut mieux qu’acheter le moins cher du moins cher de chez Leclerc qu'est déjà beaucoup trop cher. Economiser 2 euros par ci, 2 euros par là, tout en s’offrant un produit de qualité équivalente voire supérieure, n’a rien à voir avec se serrer la ceinture, piocher dans son épargne, mais relève d’un choix intelligent.
Je signale à mes détracteurs que ma proposition redonne du pouvoir au consommateur-citoyen. Et qu’on ne vienne pas me dire que mon fichu riz au lait si on ne le fait pas soi-même c'est par manque de temps : un petit quart d’heure pris sur les 5 heures en moyenne de la sacro-sainte téloche ce n’est pas le grand retour des corvées domestiques. Rassurez-vous mesdames, sous le flou de mon «on» ne se cache aucune femme renvoyée devant ses fourneaux, la gente masculine peut, sans aucun problème technique, s'atteler à la fabrication du riz au lait. J'en suis le plus bel exemple. »
La démonstration ICI
Pour ce mois de mars je vous propose de faire un gratin de nouilles à l’effiloché de porc, c’est simple, ça ne prend pas beaucoup de temps et ce n’est pas cher. Le grands comme les petits adoreront le plat. Bon appétit…
Par avance je vous remercie et sans faire de mauvais jeu de mots avec mes histoires de riz au lait :rira bien qui rira le dernier...