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28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 06:00
L’écrivain n’est pas maître dans sa maison selon Henri Michaux mais tous les chenins d’Anjou mènent aux livres…

J’écris beaucoup, trop diront certains, mais je ne suis pas un écrivain, au mieux un chroniqueur stakhanoviste, au pire rien qu’un poseur de mots qui a fait sienne la conception de Vialatte, l’inventeur de la chronique en tant que genre littéraire « une chronique il faudrait la faire pousser comme une herbe dans les fentes d’un mur, dans les pierres de l’emploi du temps ».

 

Souvent, il m’est posé la question : « pourquoi n’écris-tu pas un roman ? »

 

C’est simple, je peux vivre que d’amour et d’eau fraîche mais je ne peux me passer de livres et plus je lis plus je me dis que je n’ai pas l’étoffe d’un écrivain.

 

De plus je suis un ramier, un promeneur, un flâneur qui n’écrit que sous l’empire de la nécessité et, en dépit de mon incommensurable orgueil, ou peut-être à cause de lui, celle-ci ne m’a jamais poussée dans mes derniers retranchements.

 

J’ai pourtant prêté ma plume, comme l’ami Pierrot, à des pointures, fait le nègre pour des discours qui sont stockés dans l’ombre des cartons des Archives Nationales.

 

Mais avec moi il ne faut jamais dire jamais, un jour peut-être, sur le tard, je me jetterai à l’eau et besogneux et obstiné je tirerai des lignes en acceptant de ne plus être maître dans ma maison.

 

Que Sera Sera…

 

En attendant je tire des bords sur les rivages des gens que j’aime ça suffit à mon bonheur.

 

Patrick Baudouin fait partie de cette poignée d’amis fidèles et sincères. C’est un initiateur, de ceux qui, bien avant que la cohorte des récupérateurs ne s’empare du dernier sujet tendance, ont rament dans une toute petite barque sous les quolibets des bien assis.

 

 

 

Mon esprit d’escalier associe la barque à l’île de Behuard.

 

Dans mon petit roman du dimanche j’ai écrit « Ils avaient 20 ans en 68, ils partaient de Nantes, et ce furent de bien beaux jours dans leur vie pour aller à Béhuard-sur-la Loire… »

 

« Elle lui a dit « Imagine-nous sur les routes désertes – c’était les derniers jours d’un mois de mai en 68 – filant vers Paris, la capote de notre deuche découverte, cheveux au vent. Non, toi seulement. Moi, je me mettrai un foulard noué derrière le cou, très Jan Seberg. Aux carrefours nous passerons sous les regards étonnés des pandores. « Bonjour, bonjour les hirondelles... » Nous serons les rois du monde. »

 

J’avais promis à Patrick d’aller déjeuner aux Tonnelles, sur cette île, chez Gérard et Catherine à Behuard mais, sans doute contaminé par mon séjour prolongé auprès des politiques, je n’ai pas tenu ma promesse. La faute aussi à mon cœur d’artichaut.

 

Mais le Patrick me pardonne tout, ou presque, et alors que je filais sur l’Océane vers «Terre de Vins » « Terre de livres » le festival littéraire de Savennières où il a déposé ses affaires, sur l’aire de la Poêle Percée je lui ai demandé « où pourrais-je manger avant d’aller penser ? »

 

Et la réponse est venue sur l’écran de mon grillon moderne : « Va déjeuner sur une Île à Angers ! C’est là que Gérard et Catherine se sont installés depuis qu’ils ont quitté Behuard… »

 

Toujours avec l’aide de mon grillon qui sait tout faire et qui cause « dans 200m au prochain giratoire prenez la 3ième sortie… » j’y suis allé sans me tromper – parigot tête de veau que je suis devenu je suis perdu dès que je saute le périphérique… »

 

 

Calme et volupté de la douceur angevine, j’ai déjeuné à satiété, celle du jour, légère et savoureuse ; bu un verre d’un Chablis de mes amis Olivier et Alice de Moor. Avant de partir, Catherine m’a tracé sur l’échine de l’addition un chemin des écoliers pour joindre Savennières.

 

 

Ça réconforte, merci pour tout.

 

Suis donc passé par des petites routes bocagères avant d’arriver à Savennières pour jouer à Tintin reporter avec mon petit Leica en bandoulière.

 

Faisait très beau, j’ai fait quelques photos et me suis tranquillement installé au flanc de l’estrade pour écouter.

 

Comme je suis un petit cachotier je ne vous ai pas de suite mis au parfum qu’à ce festival littéraire de Savennières, mêlant terroir de vins et terreau de livres, les organisateurs avaient invité un écrivain qui aime le vin, un amateur, Jean-Paul Kauffmann.

 

JPK et moi nous sommes rencontrés qu’une seule fois dans un TGV qui nous menait en Bourgogne, depuis le lien qui s’est tissé entre nous est le fruit de la lecture de ses livres et de mes petites chroniques déposées chaque matin dans sa boîte électronique.

 

Nous correspondons sans nous écrire, sans échanger de lettres, ce qu’écrit Jean-Paul Kauffmann me permets, comme il le dit lui-même à propos de la dégustation des vieux millésimes de remonter « le sens interdit du temps… », de toujours aller vers l’origine, de savoir se mettre à nu avec pudeur, de chercher la bonne distance… et peut-être un jour, comme lui, de me faire écrivain.

 

La suite de cette chronique demain… en attendant je vous propose la lecture ou la relecture de mes chroniques kauffmanniennes :

 

29 janvier 2008 Trois questions à Jean-Paul Kauffmann... 

 

4 mai 2009 Le vin a-t-il encore une âme ? la réponse de Jean-Paul Kauffmann 

 

16 novembre 2011 « J’ai toujours eu un faible pour les sciences inexactes… » de l’art de la dégustation par Jean-Paul Kauffmann… 

 

8 août 2012 Jean-Paul Kauffmann « j’ai toujours aimé l’entre-deux. Tous les mondes que j’ai visités étaient flottants, situés à la limite.» 

 

12 février 2013 J’ai remonté la Marne avec Jean-Paul Kauffmann jusqu’à ce qu’elle se désincarcère de sa chape urbaine, que la ville recule… 

 

4 avril 2013 À Sainte-Hélène les anglais ne servaient que du bordeaux à Napoléon alors qu’il avait une prédilection pour le bourgogne

 

12 août 2013 Il n’y a que Jean-Paul Kauffmann pour aller boire un côtes-de-provence au val Travers sur l’île de la Désolation

 

3 juin 2014 « Il n’y a qu’un seul endroit au monde pour conserver le bordeaux, ce sont nos caves de Champagne… » réédition opportune de 2 livres de Jean-Paul Kauffmann en 1 seul. 

 

11 juin 2015 Le GO des vins des Riceys qui c’est ? Demandez à JP Kauffmann qui a le sens de la géographie humaine… 

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