Hervé Bizeul, inscrit comme « blogger » pour l’occasion, après sa dégustation off de vignerons à Bioulac sur les hauteurs de la ville, au Saint James, est allé arpenter les allées de Vinexpo et titre en se servant d’une référence cinématographique : Il faut sauver le soldat Vinexpo !
Il s’interroge :
« Prendre de la hauteur, justement, dans l’analyse des choses, voilà un exercice difficile. J’ai la critique facile, question de gènes, sans doute, voire la dent dure, parfois, parait-il. Est-ce bien mon rôle de commenter le salon ? De tenter de l’inscrire dans l’histoire, longue, qui me lie à lui ? »
La réponse est oui, sa double légitimité est incontestable.
Oui il a raison de noter « Bordeaux me semble pris dans une sorte de spirale assez terrifiante dont personne ne semble comprendre les causes. On dirait une scène du «déclin de l’empire américain» où le prêtre raconte qu’un dimanche, les églises étaient pleines et le dimanche suivant, elles étaient vides, situation que le Québec a réellement connu en exagérant un peu. C’est difficile à comprendre, encore plus à expliquer. »
En son temps, lorsque le nouveau Président de Vinexpo, Xavier de Eizaguirre, ex-Mouton-Rothschild, avait pris ses fonctions, je lui avais fait part des rides que prenaient le salon, que les temps avaient changés et que l’obsolescence constatée allait empirer, mais le Directeur de l’époque était aussi imperméable à toute remarque qu’un ciré breton.
Lors du précédent Vinexpo mon diagnostic se confirmait et je m’étais juré de ne pas y retourner si rien n’était engagé pour redresser la barre. La venue d’un nouveau Directeur, qu’une de mes bonnes amies bordelaises connaissait bien et m’en disait grand bien, me fit hésiter. En définitive je n’y suis pas allé laissant la place à mon cher Ministre accompagnant le Président de la République…
Je plaisante bien sûr, mais pour prolonger les références cinématographiques j’ai envie de dire « Pourquoi viens-tu si tard ? » (Film d’Henri Decoin avec la belle Michel Morgan)
Alors « Bonjour Tristesse » comme l’écrivait la jeune Françoise Sagan… pour so premier roman en 1954.
Comme Hervé, j’ai peine « à imaginer, en voyant Vinexpo aujourd’hui, ce qu’était Vinexpo alors : le centre du monde… Babel… The place to be. Les marques rivalisaient de puissance, les allées étaient impraticables tant il y a avait de visiteurs, venus du monde entier. Ce fut longtemps comme ça. A l’évidence, ça ne l’est plus. Bien sûr, je suis chagrin diront certains, jaloux diront les autres. Ce n’est pas le débat, croyez moi. Le salon a changé, un peu triste, un hall entier fermé. On y croise encore du beau monde. On y fait des affaires, n’en doutons pas. Mais le monde a basculé, clairement, d’abord vers l’Asie ce qui semble normal, ensuite vers Prowein, ce qui semble plus mystérieux. Plus prosaïquement, internet est passé par là... »
J’ai suivi Vinexpo sur les réseaux sociaux et j’ai éprouvé les mêmes sentiments qu’Hervé, comme une étrange pièce surjouée avec que des plans serrés afin de masquer le désenchantement de ce salon. Pour autant, je ne suis pas de ceux qui veulent jeter le bébé avec l’eau du bain. Comme Hervé je pense qu’il faut sauver Vinexpo.
Comment me direz-vous ?
Je ne vais pas vous répondre peu me chaut, car ce serait laisser accroire que je me joins au Bordeaux bashing, mais tout simplement parce que dans la vie il faut savoir passer la main. Certes, les idées que j’avais exprimées à Xavier de Eizaguirre en son temps me semblent encore pertinentes mais je ne vois pas au nom de quoi, quelle serait ma légitimité, à les coucher dans mon espace de liberté.
Que voulez-vous comme le disait Picasso « On devient jeune à 60 ans. Malheureusement, c’est trop tard. »