Comme vous le savez lundi soir je suis allé au ciné au Lilas. Nous étions tout juste assis dans la belle salle lorsque l’huissier, commis par la maison Nicolas vint se poser, carnet et stylo en main, juste devant Émilie. En effet, au ciné j’étais bien entouré : Gilles Azzoni à ma gauche, normal, et Émilie du côté droit. Nous papotions en attendant la projection du brûlot du ci-devant Guillaume Dupré. Bien évidemment, après l’irruption de l’officier ministériel dans notre champ d’audition nous murmurions afin qu’il ne consignât pas nos propos subversifs dans son petit carnet.
Pensez-donc Gilles me confiait lire avec gourmandise mon petit roman du dimanche dans lequel mon étrange narrateur conte ses amours et ses coups fourrés dans les coulisses du monde politique.
Ce petit roman est aussi vieux que mon blog. Il suit le fil de ma vie mais n’est en rien autobiographique, ou presque. Le narrateur au fil de l’histoire a traîné ses pompes, depuis mai 68, dans les usines Citroën au temps des établis, dans les soupentes de la Gauche Prolétarienne de Benny Levy à l’ENS, dans l’affairisme immobilier au temps de Pompidou, a été membre du cabinet du bel Albin Chalandon, à Berlin-Est avec la Fraction armée rouge (Rote Armee Fraktion, RAF), dans le Chili d’Allende et le MIR, dans l’Italie des années de plomb et des Brigades Rouges, a adhéré à l’UMP lors du triomphe du petit Nicolas, et depuis quelques temps dans une opération baptisée Chartrons il travaille en sous-main à la victoire de Juppé aux primaires de l’UMP. Blessé au cœur dès les premiers épisodes, il brûle sa vie, se consume à la vue des belles filles : c’est un cœur d’artichaut qui découvre, à son grand désappointement, le grand amour auprès d’une jeune et belle alors qu’il se fait vieux. Gilles Azzoni un chouïa coquin m'avoue qu'il est lui aussi conquis par la belle… comme je le comprends.
Gilles Azzoni inspire de suite la sympathie, avenant, ouvert aux idées, toujours prêt à entamer une discussion aussi bien sur le fond des choses du monde que sur mon petit roman du dimanche où ma belle inconnue plonge le narrateur dans un état absolu d’attrition amoureuse …
Bref j’aime beaucoup Gilles Azzoni !
Mais attention avant d’aimer le vigneron j’ai d’abord aimé son vin « Hommage à Robert » bu chez Pierre Jancou.
Ayant fait une piqure de rappel au salon rue89 je persiste et je signe pour le vin et son vigneron.
Mais qui est donc Gilles Azzoni ?
« En remontant le cours de l’Ibie, près des contreforts de la Cévennes ardéchoise, entouré de montagnes, de chemins de randonnées et de lieux de baignades insolites, se dresse le hameau « Les Salèlles », petit coin de paradis, où réside Gilles Azzoni.
Installé depuis 1983, avec à peine 7 hectares aujourd’hui, Gilles s ‘efforce depuis les années 2000 d’accompagner le vin et non de le transformer. Pas de soufre, pas de sucre, pas de levurage : rien que du raisin ! Pour élaborer ses différentes cuvées, il se fie à ses envies, ses dégustations, perceptions diverses et réalise alors l’assemblage final.
Roussanne, viognier, merlot, cabernet-sauvignon, grenache et syrah sont utilisés pour donner des cuvées qui sonnent Brân, Hommage à Robert, Fable ou encore Nedjma qui signifie étoile en arabe. Les rouges sont de bonne structure, avec des belles concentrations aromatiques ; les blancs sont fins et délicats, riches, aux arômes de fleurs blanches et fruits frais. Ses vins portent la mention « Nature et Progrès », et sont bien loin des modèles productivistes.
Aujourd’hui ambassadeur de sa région, il inspire de nombreux vignerons à prendre la même direction, il s’accorde alors le temps de recevoir à l’ombre du tilleul pour échanger avec bonne humeur et sympathie. »
C’est la cave des Papilles qui le dit.
« Les Compagnons... Une société secrète aux origines encore voilées de mystère. Née sans doute au XIIIe siècle, elle se perpétue encore aujourd'hui. Son originalité : recruter en milieu ouvrier, et presque exclusivement en France. Son aspect le plus attachant : combler l'aspiration profonde du travailleur manuel qui veut réellement "créer" et pas seulement produire. De là vient l'attrait que le compagnonnage exerce depuis si longtemps, et avec une telle constance, sur une part importante de la jeunesse ouvrière.
L'histoire racontée par Jean Chatenet et Jean Cosmos, se situe dans les années 1820. Les vrais débuts de l'industrialisation, de la vapeur et de la mécanique déclenchent des conflits sociaux dont la violence va croissant. Ils coïncident avec une forte réaction du compagnonnage, mis en sommeil par les interdits de la Révolution et de l'Empire.
Toussaint, ancien capitaine des armées impériales, regagne son village de l'Ardèche; après dix ans d'exil au Canada. Il y retrouve sa famille en butte aux persécutions des exaltés, des furieux de la Terreur Blanche. Son frère, menuisier, est parti faire le Tour de France des Compagnons. Pour tenter de le retrouver Toussaint s'engage à son tour dans la Compagnie.
Mille aventures viriles et tendres à travers les provinces de France. La découverte d'un monde singulier, attachant, fraternel. "Ardéchois Cœur Fidèle" c'est à la fois le roman de compagnonnage et une sorte de "western" à la française dont les auteurs ont tiré le grand feuilleton télévisé. »
Et un petit extrait de mon petit roman du dimanche pour la route… peut se consommer en se lichant une des cuvées de l’ami Gilles Azzoni.
CHAP.15 opération Chartrons, « S’il faut venir coller des enveloppes, je viendrai ! » Chirac à propos de la candidature Juppé aux primaires…
Ma voix s’était doucement éteinte dans les profondeurs de la nuit de samedi à dimanche. Les yoyos de la météo joint à ma pratique du vélo avaient eu raison de mes cordes vocales. Mon allergie à la chimie de la pharmacopée moderne m’amenait à m’en tenir à une thérapie minimaliste : inhalations d’eucalyptus et grog intense, dans une claustration totale. Ensuqué, entre mes grogs carabinés : miel + gingembre + citron + cannelle + rhum blanc je me gavais de westerns et de films d’Hitchcock. Patience, patience donc, sauf qu’elle me manquait, elle me manquait beaucoup. « Prends bien soin de toi » m’avait-elle écrit sur le clavier de son petit téléphone obsolète, coquetterie de grande fille qui me plaît tant. Je rongeais mon frein, ne foutais rien, par bonheur le ciel était exécrable. C’était tout moi : plus j’ai du temps plus je le perds.
Pour ne pas me concentrer uniquement sur les lents progrès de ma gorge en difficulté de déglutition je grappillais des informations sur le fil de la Toile. La pétulante Roselyne d’abord qui taillait dans son dernier bouquin un costard au Raïs de Républicains qui après un déplacement aux Etats-Unis en septembre 2006, alors qu’il n’était que ministre de l’Intérieur, était revenu «enthousiasmé». «Alors que nous étions quelques-uns à discuter dans son bureau à l'UMP, lui était tout excité», écrit Roselyne Bachelot et il leur déclarait «Les amis, j'ai rencontré Barack Obama, le maire de Chicago [ce qui est faux]. Ce type est le prochain président des Etats-Unis… Bon, vous vous mettez en chasse. Il me faut un Noir, ou mieux, une Noire !».
Gilles Azzoni, Mas de la Bégude La pipette aux quatre vins, le blog de Philippe Rapiteau Le 30 juillet 2011
« L'endroit est paisible. On y ressent souvent une sorte de sérénité. Gilles Azzoni est vigneron, mais l'on devine qu'en sa compagnie, on pourrait passer des heures, autant pour évoquer l'Histoire, la grande, la Littérature, en échangeant sur nos récentes lectures réciproques, ou pour traiter aimablement de tout ce qui doit renforcer notre sens de l'Humanisme. Entre temps, on pourra apprécier quelques cuvées du cru, parler du Raisin et disserter quant au sexe des Anges !... »