« La guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires. »
Georges Clemenceau
En ce temps de confuse bataille électorale j’applique la férocité du Tigre à la politique.
Loin du brouhaha, des brouettes de mensonges, des charretées d’invectives, d’insinuations, de coups bas, de débats qui n’en sont pas, de meetings préfabriquées, de litanies de promesses intenables, dessous ma tente je mange, je bois, je lis, j’écoute de la musique, je dors, en me disant que dans tout ça je ne pèse qu’une voix.
J’utiliserai ma voix par deux fois.
En attendant je ne vais pas me cailler le lait…
« Tu as trouvé à ton foyer la contre-mère dont les deux seins sont acides. La présure de la tendresse, qui fait cailler le lait dans l'estomac des enfants du bonheur, tu ne la connais pas. »
H. Bazin, Vipère au poing 1948
Alors jouir, jouir de la beauté froide et austère des mathématiques loin de la pornographie des chiffres ajustés, des pourcentages bricolés !
« Les schémas du mathématicien, comme ceux du peintre ou du poète, doivent être beaux ; les idées, comme les couleurs ou les mots, doivent s'assembler de façon harmonieuse. La beauté est le premier test : il n'y a pas de place durable dans le monde pour les mathématiques laides ».
— G.H Hardi (1877-1947, Angleterre)
« Bien considérée, les mathématiques possèdent la vérité, mais encore la beauté suprême – une beauté froide et austère, comme celle de la sculpture, qui ne s’adresse en rien à notre faible nature, et qui, dépouillée des attraits somptueux de la peinture et de la musique, est cependant sublimement pure et empreinte d’une perfection sévère que seul manifeste l’art le plus élevé. Le véritable esprit de joie, l’exaltation, le sentiment d’être plus qu’humain, qui est la pierre de touche de la plus haute excellence, se trouve en mathématiques aussi sûrement qu’en poésie. Ce qu’il y a de meilleur en mathématiques mérite non seulement d’être appris comme un devoir, mais aussi d’être assimilé comme une partie de la pensée quotidienne et d’être rappelé sans cesse à l’esprit en guise d’encouragement toujours renouvelé. Pour la plupart des hommes, la vie réelle constitue un pis-aller, un compromis perpétuel entre l’idéal et le possible, mais le monde de la raison pure ne connaît pas de compromis, de limitations pratiques d’obstacles à l’activité créatrice incarnant en d’admirables constructions l’aspiration passionnée à la perfection qui est encore source de toute grande œuvre. Loin des passions humaines, loin même des misérables faits de nature, les générations ont graduellement crée un cosmos ordonné, que la pensée pure peut habiter comme sa demeure naturelle, et où l’une au moins de nos pulsions les plus nobles peut échapper au morne exil du monde réel.
[…] L’excellence propre aux mathématiques ne se trouve que là où le raisonnement est rigoureusement logique : les règles de logique sont aux mathématiques ce que sont les règles de structure à l’architecture. Dans l’œuvre la plus belle, chaque maillon d’une chaîne d’arguments possède sa propre importance qui lui assigne un air de facilité et de clarté, et les prémisses conduisent par des moyens qui semblent naturels et inévitables à des résultats qui n’auraient pas paru possibles. La littérature pare le général de circonstances particulières dont la signification universelle transparaît à travers leur vêtement individuel ; mais les mathématiques s’efforcent de présenter ce qu’i y a de plus général dans sa pureté, en dehors de tout ornement inutile. »
Bertrand Russell, Mysticisme et Logique
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La beauté froide et austère des mathématiques : sous la feuille de vigne il y a beaucoup de puissance créatrice