« Le concombre est un légume qu’il faut bien émincer, assaisonner avec du poivre et du vinaigre, puis jeter aussitôt, car il ne vaut rien du tout. »
Samuel Johnson
« Le rond-point ou sens giratoire est une maladie incurable, une épidémie. Comme son nom l’indique, cet espace circulaire apparaît à l’endroit où convergent au moins deux routes suffisamment fréquentées pour justifier son existence. Favorisé par une nouvelle politique européenne de l’urbanisme qui, ces dernières années, a fortement subventionné la suppression des feux tricolores, le rond-point est une particularité des lointaines banlieues et des zones limitrophes (…)
Le rond-point est constitué d’un parterre central – presque toujours circulaire, parfois polygonal – autour duquel tourne une route où débouchent d’autres. Dans le parterre inaccessible à pied, nappé d’un brouillard de gaz d’échappement et aussi bruyant qu’une tranchée de la Première Guerre mondiale, personne ne s’arrêtera jamais. Personne ne s’assiéra jamais. Personne ne dormira, ne lira, ne fera l’amour. C’est un parterre d’« apparat ». Encouragés par le architectes et les paysagistes qui sont de mèche avec des pépiniéristes en mal de publicité prêts à distribuer de généreux pots-de-vin, maires et adjoints ont décidé d’y concentrer le plus grand nombre possible de bizarreries afin de montrer à tous les automobilistes combien la ville annoncée et saluée par le rond-point est à la page, moderne, audacieuse et « culturelle » » (…)
Ce qui importe avant tout aujourd’hui, dans notre époque de vitesse qui nous bombarde constamment de mille stimulations, c’est d’« impressionner », de « choquer ». À la vue de la sphère métallique trônant sur le rond-point, toute personne de bon sens pensera « c’est absurde » ou « c’est horrible », et donc se sentira en devoir de déclarer que c’est « intéressant comme travail », « une œuvre réussie », « une trouvaille » sans se demander si cette boule annonce un stade de foot, représente une orange ou symbolise le mensonge ou l’exaspération. Seul l’automobiliste qui se garera et, au péril de sa vie, traversera rond-point et parterre pour lire l’écriteau pourra découvrir qu’il s’agit d’un monument à la mémoire des victimes de la Mafia. »
Umberto Pasti Pierre Le-Tan Jardins les vrais et les autres Flammarion
Le four à micro-ondes : Une invention issue des techniques militaires
Le 18 septembre 1999, le Dr Percy, expert en électronique, fut admis à titre posthume au National Inventors Hall of Fame (Organisation fondée en 1973 à Akron (Ohio) pour honorer les réalisations des inventeurs), succédant aux frères Wright et à Thomas Edison parmi les précédents lauréats.
Sa renommée reposait principalement sur l’invention en 1946 du four à micro-ondes.
« L'histoire de l'invention du four à micro-ondes est celle du fabuleux destin de Percy Lebaron Spencer. Malgré une enfance malheureuse et une scolarité interrompue à 12 ans, le jeune Percy, curieux et autodidacte, se passionne pour l'électricité et les communications à distance. Après son service militaire dans la marine (où il apprend la radiotélégraphie), il entre en 1925 chez Raytheon. Cette compagnie oeuvre dans le secteur de la défense et développe des technologies autour des radars. C'est ainsi qu'il se retrouve en 1945 à travailler sur un tube magnétron, un dispositif qui transforme l'énergie électrique en énergie électromagnétique sous forme de micro-ondes. Sa mission est de simplifier le processus de fabrication de cet élément, afin d'améliorer la production de radars destinés aux militaires.
« Fondée en 1922 dans le Massachusetts, notamment par Vannevar Bush (1890-1974), l’un des pionniers de l’informatique, s’impose comme principal fournisseur de magnétrons. Ces tubes électroniques équipent les différents types de radars et produisent les ondes électromagnétiques qui sont ensuite détectées, révélant ainsi la présence d’objets à distance. »
« Debout à côté d’un magnétron, Spencer s’aperçut soudain que le chocolat qu’il avait dans la poche était en train de fondre. Il confirma le pouvoir chauffant du magnétron en disposant à côté de l’appareil des grains de maïs à pop-corn qu’il regarda gonfler et éclater. Après avoir obtenu du pop-corn, il place un oeuf dans un pot avec une ouverture, devant le tube magnétron. L'oeuf éclate. Il note alors que l'intérieur du pot a chauffé plus vite que l'extérieur.»
« L’invention du four à micro-ondes est exemplaire à deux titres. D’abord, elle résulte d’un hasard qui l’a hissée au rang des innovations typiques de ce qu’on appellera par la suite « sérendipité », comme le Post-it ou le Téflon. Ensuite, elle est un pur produit des techniques militaires, en l’occurrence celles qui ont permis l’essor du radar, lequel découle principalement des travaux du physicien écossais Robert Watson-Watt (1892-1973) sur la radioélectricité en 1935.
« Plusieurs scientifiques avaient déjà découvert les propriétés chauffantes des micro-ondes. Mais Percy Spencer est le premier à imaginer s'en servir pour la cuisson des aliments. C’est un four industriel fonctionnant sur le principe de l’agitation des molécules d’eau (à un rythme effréné de plus de deux milliards de fois par seconde) présentes dans les aliments sous l’effet de l’énergie électrique d’ondes radio émises à une fréquence de 2,45 gigahertz (domaine des micro-ondes). Il dépose en octobre 1950 un brevet concernant ce traitement des denrées alimentaires par l’effet des ondes électromagnétiques. »
Fin 1945, Raytheon dépose un brevet et présente en 1947 le "Radarange". Avec 1 m de haut et près de 30 kg, ce four bien trop cher (3 000 dollars) a peu de succès. »
« C'est en 1967, deux ans après avoir acheté Amana Refrigeration, que Raytheon lance un four à micro-ondes à usage domestique à 500 dollars qui fera peu à peu son entrée dans les ménages. En 1971, la Food and Drug Administration impose des normes aux constructeurs et, pour la première fois en 1975, les ventes des micro-ondes dépassent celles des fours à gaz. Percy Spencer se voit décerner le titre honorifique de Docteur par l'université du Massachusetts et meurt en 1970.
Arrivés dans les années 1980 en Europe, les fours à micro-ondes équipent aujourd'hui plus de 80 % des foyers français, contre 20 % en 1990. - 34 % des fours à micro-ondes vendus sont des combinés, avec fonction de four classique.
Des firmes japonaises, puis coréennes et désormais chinoises dominent tour à tour le marché mondial, réussissant à vendre des fours à partir de 40 euros.
« Cet appareil est considéré par la population française comme l'un des 10 objets dont on ne peut absolument pas se passer », précise Aurélie Brayet, spécialiste de l'histoire des arts ménagers à l'université de Saint-Etienne. En 2007, selon le Groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils d'équipement ménager, 85 % des foyers français en étaient équipés, ce qui correspond à des ventes annuelles de quelque 2 millions d'appareils au cours des cinq dernières années. Pour autant, l'engouement pour le four micro-ondes ne date en France que de la fin des années 1980 - seuls 20 % des foyers étaient équipés en 1990 - largement après les Etats-Unis et le Japon. « Le four à micro-ondes a séduit d'emblée les Américains, toujours en quête de gain de temps, et les Japonais, adeptes de cuisson vapeur de petites portions, explique Aurélie Brayet En revanche, jusqu'aux années 1990, les Français l'ont surtout utilisé comme moyen de réchauffage rapide de liquides. »
« Puis, peu à peu, les plats sont passés, comme aux Etats-Unis, du réfrigérateur au micro-ondes. Au milieu des années 1990, les produits surgelés devenus plus abordables ont connu un véritable engouement. " Néanmoins, en France, le développement conjoint des marchés du micro-ondes et des surgelés a d'abord été une spécificité urbaine de familles aisées, précise-t-elle. Le four à micro-onde n'a pénétré les foyers ruraux, pourtant bien plus équipés en vastes congélateurs, qu'il y a moins de dix ans. " Et, au pays de la gastronomie, la véritable cuisine au micro-ondes n'a pris son essor qu'au cours des cinq dernières années, en grande partie grâce à des livres de recettes et à l'instar de chefs qui ont prôné ce mode de cuisson désormais synonyme de qualité. »
Sources :
- SONIA PIGNET PUBLIÉ LE 01/04/2008