Il n’y a pas que les gamins qui dérapent !
Je suis frappé, lorsque je consulte le fil de Face de Bouc ou celui de Twitter, de la part de gens que je connais, par la violence de leurs posts et de leurs échanges. Je m’abstiens de tout commentaire mais dans la vraie vie je ne les fréquente plus. À côté d’eux il y a la foule des anonymes planqués derrière des pseudos, dernier avatar numérique des corbeaux auteurs de lettres anonymes en des temps où la liberté était placée sous le joug des occupants et des collaborateurs.
Sans tomber dans une analyse socio-psychologique de café du commerce je détecte sous leur exécration le poids de leurs frustrations maquillées sous une rhétorique qui se veut révolutionnaire, qui dégouline de bons sentiments, sans contribuer à nous aider à conjurer la difficulté de vivre ensemble dans nos sociétés consuméristes et individualistes. Le simple fait de passer autant de temps sur les réseaux sociaux est un symptôme probant du vide sidéral de leur vie.
Quittant le virtuel pour la vraie vie, celle d’un vieux cycliste parisien, je vais vous relater un fait ordinaire, banal, qui se renouvelle chaque jour sur la chaussée.
Samedi soir je rentrais chez moi, sur mon nouveau vélo électrique bien éclairé. J’empruntais la rue du Faubourg Saint-Jacques, elle-même bien éclairée, je venais de passer devant les Urgences de Cochin (souvenirs), des travaux comme il y en a tant dans Paris rétrécissaient la chaussée, je ralentissais, je tendais le bras pour déboîter et, derrière moi le chauffeur d’une fourgonnette type J7 écrasait nerveusement son klaxon, c’est maintenant monnaie courante lorsque ça dérange les chauffeurs, pour un oui ou pour un nom, ils klaxonnent), je passais et me rabattais dans le couloir cyclable non balisé, la fourgonnette me dépassait et le passager par la fenêtre ouverte gueulait « Pauvre P.D, enculé… ». Je continuais mon chemin paisiblement. La camionnette 200 mètres plus loin était bloquée dans la file d’attente du feu rouge, dans mon couloir cyclable je passais près d'elle comme si de rien était. À nouveau j’avais droit aux horions « Pauvre P.D, enculé… » Le feu passait au vert, accélérais pour planquer mes abattis car le risque n’est pas négligeable que ces abrutis cherchent à me renverser.
En quoi dérangeais-je la rapide progression de ces « travailleurs » rentrant chez eux ?
En rien, ce qui les a mis en rogne c’est ma présence même sur la chaussée, un cycliste, pensez-donc ça n’a rien à faire sur leur route. Grossièreté, impunité, intolérance, comme une envie de m’écrabouiller, ni vu, ni connu, ne croyez pas que j’exagère ça m’est arrivé une fois de me faire poursuivre par un automobiliste fou de rage parce que je lui avais fait remarquer que klaxonner pour rien était une infraction.
Maintenant, je planque mes abattis.
Comme une envie de partir sur une île sans touristes, dans une petite maison blanche, manger du poisson, lire, contempler le coucher du soleil s’immergeant dans la mer, loin du bruit et de la fureur, un peu de douceur dans ce monde de brutes…
Dans l’affaire Mélenchon, si l’on veut bien aller au-delà de la pure émotion, il est indéniable que la procédure de visite domiciliaire au petit matin pour perquisition revêt une forme de violence qu’il serait imbécile de nier.