Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 août 2018 2 07 /08 /août /2018 06:00
De Gaulle voulait supprimer le Sénat mais que seraient devenues les jardiniers et les ruches du Jardin du Luxembourg ?

Robert Badinter qui habite rue Guynemer confie : « rares sont les lieux de Paris  qui me soient plus chers que le jardin du Luxembourg. Des fenêtres de mon bureau, je m’émerveille chaque année des premières tonalités automnales, de la neige qui le recouvre parfois en hiver ou des bourgeons annonçant l’arrivée du printemps. De saison en saison, le jardin est toujours le même, mais il est toujours différent. Il ne cesse pas de m’émouvoir au fil des ans. »

 

Il ajoute « Le 30 septembre 1981, c’est en empruntant les allées du Luxembourg que je suis rentré chez moi à pied, après le vote de l’abolition de la peine de mort au Sénat. »

 

Ce jardin est aussi mien, avec ma fille Anne-Cécile, lorsqu’elle était enfant nous étions, le samedi ou le dimanche, des habitués. Les balançoires en forme de bateaux, plus haut papa plus haut, le manège de chevaux de bois suspendus, construit en 1879 sur les plans de Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra de Paris.  Rainer Maria Rilke, familier du jardin, lui a consacré un poème ; Sous la toile verte surmontée d’une sphère jaune, il tourne, les enfants sont équipés d’une baguette leur permettant, comme dans l’ancien jeu de bague, d’attraper des anneaux suspendus à une «poire» en bois tenue par l’employé. Anne-Cécile était très adroite à ce jeu. Le théâtre de marionnettes fondé et créé par Robert Desarthis avec guignol bien sûr ; les petits chevaux et les poneys qui sentaient si mauvais ; la barbe à papa ; les petits voiliers du grand bassin.

 

 

Depuis 1799, le palais du Luxembourg et son jardin sont affectés à la Chambre haute. Après l’exil à Versailles suite à la Commune, la loi du 22 juillet 1879 ordonne le retour à Paris de l’exécutif et des 2 chambres. Depuis, sous la IIIe République, la IVe et la Ve le jardin est administré par le Sénat.

 

 

Dès le 2 octobre 1962, de Gaulle considère que « le Sénat est devenu inutile tel qu’il est, [et qu’il] faut donc le supprimer ». Il considérait que le Sénat était un « talon d’Achille », qu’il faudrait « opérer » comme un bobo.

 

 

Cette réforme, souligne Peyrefitte, tenait à cœur au Général : « Avec la fin de la guerre d’Algérie et le référendum sur l’élection présidentielle, [il y a] eu assez d’agitation comme ça. […] Puis il faudra détruire ce Sénat, ou en tout cas le transformer, ce sera la première chose à faire. »

 

16 janvier 1963, de Gaulle explique : « Le Sénat, c’est moi qui l’ai fait recréer en 1946 sous le Le nom de Conseil de la République, alors que les partis voulaient le supprimer purement et simplement. C’est encore moi qui l’ai rétabli en 1958 dans son nom et dans ses prérogatives, notamment constitutionnelles. »

 

« Il faut, à l’avenir, qu’il y ait une seule assemblée législative et politique. Autrefois, sous la IIIe République, le Sénat était nécessaire comme contrepoids aux sottises de l’Assemblée nationale. Mais maintenant, le contrepoids à ces sottises, c’est le Président. Et s’il y a des difficultés majeures, l’Assemblée peut censurer le gouvernement, le Président de la République peut dissoudre l’Assemblée, c’est le suffrage universel qui tranche.

 

« Donc, le Sénat, tel qu’il est, n’a plus aucune raison d’être. Il ne peut plus exister que pour embêter le monde. Il ne s’en prive pas. Un référendum y remédiera. »

 

De Gaulle présentera ce projet de réforme à la population sous forme d’un référendum, qui a eu lieu le 17 avril 1969, en même temps qu’un projet de régionalisation. La victoire du « Non » entraînera, comme on le sait, sa démission, puisqu’il qui considérait que son mandat devait être remis en jeu à chaque référendum.

 

 

Mais il n’y a pas de jardin sans jardiniers.

 

Ceux-ci, 70 jardiniers, sont dirigés par une ingénieure horticole assistée d’un adjoint et de 2 chefs jardiniers.

 

Tout ce petit monde assure l’entretien du jardin public, la décoration des lieux de réception, la production des plantes vertes et fleuries et la conservation des collections végétales. Chaque année 3 plantations successives assurant la floraison de près de huit mois consécutifs du printemps à l’automne. Elles nécessitent la production d’environ 150 000 plantes à massif, toutes issues des serres du Sénat situées dans un terrain de culture à Longpont-sur-Orge dans l’Essonne.

 

Il y a 3000 arbres dans le jardin, surtout des marronniers.

 

Les serres sont aussi un lieu de conservation d’un patrimoine végétal datant du XIXe siècle. Ces collections sont rares, la plus célèbre est celle des orchidées dont l’origine remonte à 1838 par l’envoi d’un lot d’orchidées en provenance du Brésil.

 

Mais il y a aussi une collection fruitière, héritière des célèbres pépinières des Chartreux. Malgré sa faible superficie, le verger du Luxembourg  concentre près d’un millier de plantes, arbres et arbustes dont 600 variétés différentes. Les espèces dominantes sont le pommier et le poirier, qui totalisent à eux seuls 530 variétés. Quelques exemplaires de vignes, pêchers, abricotiers. Depuis les année 80, elle s’est orientée vers la sauvegarde des variétés rares et anciennes, en particulier sur la réintroduction des variétés chartreuses.

 

Des cours d’arboriculture créés en 1809 sont dispensés, c’est gratuit.

 

 

Dans le même esprit le Sénat s’est préoccupé de perpétuer, au sein du jardin, l’enseignement apicole qui y avait été créé en 1856. Aujourd’hui, sous l’égide de la Société centrale d’apiculture, une centaine d’auditeurs sont formés aux techniques modernes de l’apiculture. En 1990, le président du Sénat de l’époque, Alain Poher et les questeurs on fait construire un nouveau rucher sur les plans de l’architecte Jacques Patureau.

 

Le jardin dispose enfin d’une très belle collection de plantes d’orangerie, dont quelques spécimens ont plus de deux cents ans. Elle se compose d’un peu plus de 200 plantes en caisse dont des agrumes, principalement des bigaradiers, mais aussi de majestueux palmiers-dattiers, des lauriers-roses et des grenadiers. Ces arbres sont sortis au mois de mai pour décorer les abords du palais et des grands parterres regagnent dès octobre l’orangerie qui les abrite.

 

Source : Le Jardin du Luxembourg promenade historique et littéraire de Dominique Jardillier.

 

 

 

Il y a un toit, il y a aussi son ombre, c’est

le manège qui tourne pour un court instant,

il y a des chevaux multicolores, tous venus du pays

qui longuement hésite avant de sombrer.

Si certains sont attelés à une carriole,

tous arborent un profil empreint de courage ;

il y a également un lion rouge et menaçant

et de temps en temps un éléphant blanc.

 

Il y a même un cerf, tout comme dans la forêt,

si ce n’est qu’il porte une selle, et, assise dessus,

il y a une petite fille bleue que des courroies retiennent.

 

Et sur le lion, chevauche un garçon tout blanc

qui se tient fermement d’une petite main brûlante,

tandis que le lion montre les crocs et la langue.

 

Et de temps en temps un éléphant blanc.

 

Et sur les chevaux, passent

même des petites filles, claires,

déjà presque trop âgées pour ces cabrioles ; en plein vol,

elles lèvent les yeux dans le vague, par ici –

 

Et de temps en temps un éléphant blanc.

 

Et ce jeu passe et se précipite vers sa fin,

et tout tourne et tout virevolte sans cesse et sans but.

Une tache rouge, du vert, du gris envoyés par ici, en passant,

vague visage, petite esquisse –

Et parfois, un sourire tourné vers ici,

un sourire aux anges qui éblouit et s’évanouit

dans ce jeu aveugle et à bout de souffle…

 

Rainer Maria Rilke 1905 Le carrousel

Partager cet article
Repost0

commentaires

P
Très jolie poème
Répondre
P
Wouarf Wouarf, 700 abeilles ! Wouarf !<br /> Une jeune journaliste préposée au bulletin méteo annonce la chute de 99 flocons de neige prenant pour des chiffres l'abréviation qq (pour quelque) de son papier ! Sacré pax tu pourrais pas bien te relire avant de balancer ton commentaire , non ?
Répondre
P
Merci pour ce poème de R.M.Rilke que je ne connaissait pas, érudit Taulier.<br /> Les célèbres abeille du Luxembourg ne sont pas les seules à Paris ( Quelques 700 dont 10 sur le toit de l'opéra ) et dans la région parisienne. Un jour, un institut entrepris une étude sur la nature de ces miels urbains.Il sollicita l'envoi d'échantillons et se mit au travail.Surpris du résultat il demanda à la mairie de St Denis s'il n'y avait pas d'erreur sur l'envoi de leur échantillon qui révélait toutes les caractéristiques d'un miel africains et non pas d'un miel urbain de la métropole.Enquête faite, il n'y avait pas d'erreur . Les abeilles butinaient sur les très nombreux stands exotiques de tous les coins du monde à l'image de cette population aussi vivante que bigarrée!
Répondre

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents