une vache de race ferrandaise installée sur la chaussée devant un restaurant de la rue Vaugirard, dans le 6e arrondissement de Paris.
Mais c’est où papy le « pays du lait » ?
- Je te le dirai ma choupinette mais avant je vais causer aux grands, ceux qui achètent du lait UHT demi-écrémé en pack de 6 chez Lidl…
En ce temps de belles cartes postales envoyées depuis la Porte de Versailles où les vaches, cochons, couvées, peu de fermières, ravissent les enfants des villes et des banlieues, où les politiques glosent en alignant des kilomètres, où les dirigeants agricoles, prennent la pause pour la photo face de bouc&Twitter, « moi avec le Président », brossent le dit Président de la République dans le sens du poil, ce qu’il adore, où les gilets jaunes se font conspuer et virer, dans ce temple d’une campagne de nos grands-mères le nouveau concept d’agribashing est à la peine car là on n’expose pas les gorets et les poulets bourrés, mais où est passé ce pétrole vert qui a des soucis face au monde mondialisé, vitrine où les gens du vin pleurent, implorent, du pognon du pognon pour compenser la chute vertigineuse de leurs ventes chez le Grand Blond qui porte des chaussures noires, cimetière d’une PAC qui part en quenouille par la faute de l’autre blond ébouriffé, en dépit de la ligne Maginot de la FNSEA et des JA, un constat s’impose :
Notre Président, qui a bien du mal à redescendre sur terre, proclame dans la PQR : « Notre modèle agricole doit changer »
« Nous avons à accomplir une révolution aussi profonde que celle qui fut accomplie dans les années 60 lorsque nous avons bâti une agriculture pour nourrir les Français. Notre modèle doit progressivement changer ».
Du côté des chevelus moustachus, José en tête, même alarme :
« Il est urgent de changer de modèle agricole » ICI
Bien sûr la marge est très large entre les 2, il ne suffit pas de tirer le signal d’alarme, comme sur les trains de notre SNCF, pour que le lourd tombereau de l’agriculture, dite productiviste, s’immobilise avant de modifier sa trajectoire.
Changer de cap ne se fera pas avec des mots (les lanceurs de mots sont nombreux dans notre vieux pays, prendre le manche est plus difficile) mais lorsque les citoyens-consommateurs changeront leur comportement.
Je ne vais pas de nouveau vous chanter ma chansonnette vous la connaissez par cœur.
J’en reviens à la question de ma choupinette qui n’aime rien tant que son biberon de lait pour éclairer votre lanterne sur ce « pays du lait » évoqué dans le titre.
C’est le Wisconsin.
Un État du Midwest des États-Unis. Il est bordé au nord par le lac Supérieur et le Michigan, à l'est par le lac Michigan, au sud par l'Illinois et à l'ouest par l'Iowa et le Minnesota. ICI
Un État que je connais bien puisque ma fille y est allée lorsqu’elle était adolescente vivre un mois dans une famille dont le père travaillait dans l’industrie laitière.
La capitale est Madison et la plus grande ville Milwaukee
En 1979 Arnaud Leparmentier, libéral bon teint, dans le Monde titrait Le Wisconsin, « Normandie américaine » face à la crise du lait
Avec la chute des cours du lait, le nombre de fermes laitières a été divisé par deux en quinze ans pour tomber à 7 800 tandis que le nombre de vaches par exploitation est passé de 90 à plus de 140 en dix ans.
Bienvenue dans le Wisconsin, « America’s Dairyland », terre laitière de l’Amérique. Jusqu’en 2010, tout allait très bien dans cet état vallonné du nord des Etats-Unis : après avoir été déboisée par les hardis pionniers, la région s’était spécialisée dans la production laitière, laissant le maïs et le soja aux mornes plaines voisines de l’Iowa et du Nebraska. De petites exploitations familiales, bien éloignées des ranchs géants du Texas et de la Californie.
Mais voilà qu’elles ferment inexorablement, au rythme de deux par jour. Acculées à la faillite, frappées par la baisse des cours du lait. Et vendues aux enchères avec leurs vaches. « C’est pire que dans les années 1980, car leur valeur est au plus bas », déplore Darin Von Ruden, éleveur laitier en bio et président du syndicat agricole du Wisconsin, alors que le nombre de fermes laitières a été divisé par deux en quinze ans pour tomber à 7 800 tandis que le nombre de vaches par exploitation est passé de 90 à plus de 140 en dix ans.
Terre d’élection de Trump en 2016
La région suscite une attention particulière : avec la Pennsylvanie et le Michigan, le Wisconsin fait partie de ces trois Etats dits de la « ceinture de la rouille », la Rust Belt, à la fois ruraux et désindustrialisés qui ont fait la victoire de Donald Trump en 2016 ; 22 748 voix de retard pour Hillary Clinton, qui n’avait pas jugé utile de visiter l’Etat. Le vote rural, comme le vote ouvrier, peut de nouveau tout faire basculer. Pour l’heure, l’urgence est ailleurs. Les réunions publiques sur la santé mentale des agriculteurs se multiplient tout comme les appels à l’aide.
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THE ECONOMIST - LONDRES ICI
Publié le 23/02/2020
Agriculture. Au Wisconsin, le lait prend un goût amer
L’État se présente toujours comme “le pays du lait” (même si cela fait longtemps que la Californie en produit davantage) et transforme l’essentiel de sa production en fromage. Les fermes laitières ont aujourd’hui le choix entre la disparition ou l’industrialisation. Ici, elles ferment au rythme de presque deux par jour. En 2019, cet État a perdu 10 % de ses fermes laitières.
Une visite dans la ferme de Dan Wegmueller, dans le sud du Wisconsin, ressemble à un voyage dans le passé. Propriétaire d’une cinquantaine de vaches brunes – occupées à faire tinter leurs cloches et à remuer le bout de leurs oreilles blanches –, il nous explique que chacune d’elles a sa propre personnalité. Monté sur un tracteur John Deere, il roule sur un tapis de neige et fait le tour de sa grange rouge surmontée d’un élégant toit arrondi. Sa petite ferme a un charme fou, mais elle pourrait bientôt trouver sa place au musée.
Nichée au milieu de petites collines, cette propriété d’un peu plus de 140 hectares appartient à sa famille depuis les années 1930, âge d’or des fermes laitières, où les États-Unis recensaient 3,6 millions d’exploitations. Aujourd’hui, il n’en reste plus que 37 000, dont un peu plus de 7 000 dans le Wisconsin. L’État se présente toujours comme “le pays du lait” (même si cela fait longtemps que la Californie en produit davantage) et transforme l’essentiel de sa production en fromage. Les fermes laitières ont aujourd’hui le choix entre la disparition ou l’industrialisation. Ici, elles ferment au rythme de presque deux par jour. En 2019, cet État a perdu 10 % de ses fermes laitières.
Economies d’échelle
Le Wisconsin est touché par un mouvement de consolidation qui frappe d’autres États, notamment du sud et de l’ouest, depuis plusieurs décennies. Ce phénomène arrive tardivement, car les fermes du Wisconsin restaient relativement productives, mais aujourd’hui les plus petites tirent le rideau.
Les exploitations industrielles profitent de la technologie, d’économies d’échelle et d’un accès plus facile aux capitaux. À quelques minutes de la ferme de Dan Wegmueller se trouve la laiterie Pinnacle. Inaugurée en 2018, elle possède 5 000 vaches, réparties dans six énormes hangars blancs. Dans un entrepôt voisin, plusieurs réservoirs en acier sont constamment alimentés par des pompes. Pinnacle appartient au groupe laitier Tuls Dairies, qui possède six autres exploitations géantes dans le Wisconsin et le Nebraska. D’après un rapport de l’année dernière, ces grands établissements (comptant au minimum 200 vaches) représentent déjà au moins les deux tiers de la production du Wisconsin. Une part qui devrait encore augmenter.
Plusieurs raisons expliquent l’actuel mouvement de concentration.
- Structurellement, la faute revient au vieillissement de la population rurale. De nombreux exploitants âgés n’arrivent pas à convaincre leurs enfants de prendre leur suite. Pourquoi le feraientils ? Il est de plus en plus dur de tirer des revenus d’une petite ferme. Le prix du lait est en baisse constante depuis des décennies, en bonne partie parce que les progrès techniques, la génétique et la technologie assurent une augmentation continue de la production.
- Dans le même temps, les gens consomment de moins en moins de lait. En 1975, un Américain en avalait en moyenne 109 litres par an, contre moins de 70 litres en 2018.
- Tina Hinchie, propriétaire de 220 vaches sur une autre ferme coquette, évoque d’autres problèmes, plus récents. Elle parle de l’instabilité météorologique et notamment des inondations à répétition ces dernières années. Et même si l’essentiel de la production est vendu localement (90 % du lait du Wisconsin est destiné à des fabricants de fromage de la région), les exportations, qui représentaient autrefois entre 15 % et 18 % des ventes nationales, ont beaucoup diminué.
L’an dernier, la Chine a boudé de nombreux produits laitiers, y compris le petit-lait, qu’elle utilisait auparavant massivement. Une épidémie de grippe porcine a tué la moitié des cochons chinois et la demande de produits alimentaires à base de petit-lait s’est effondrée. Les exportations de fromage à destination du Mexique ont elles aussi souffert. Tina Hinchie pointe du doigt les “horribles” conflits commerciaux créés par Donald Trump, même si le secteur connaît aussi d’autres difficultés.
- Il est difficile de trouver de la maind’œuvre, disent les éleveurs, même en augmentant les salaires. Dan Wegmueller ne parvient à attirer des travailleurs à temps partiel qu’en leur proposant un logement gratuit. L’an dernier, Tina Hinchie a investi dans une trayeuse guidée par laser à 3,3 millions de dollars, le “Taj Mahal” de la technologie, ditelle. Avec cette machine, elle n’a plus besoin de quatre employés mais d’une seule personne pour faire le travail. Elle augmente ses revenus en proposant des visites de sa ferme aux citadins et reçoit près de 10 000 visiteurs par an. Dan Wegmueller est lui aussi convaincu que les séjours à la ferme lui rapporteront bientôt plus que le lait. Les petites exploitations qui ne se diversifient pas sont menacées.
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Donald Trump mise sur l’électorat rural
Cela aura-t-il une incidence en cette année électorale ? Donald Trump mise sur l’électorat rural pour conserver cet État en 2020. Les démocrates, eux, se concentrent sur la crise du lait pour élargir leur base au-delà des villes. L’élection se jouera à peu de voix près. Travis Tranel explique que les producteurs de lait ne représentent que 200 000 voix, mais ces suffrages seront peut-être déterminants quand on sait que Donald Trump a remporté le Wisconsin avec un peu plus de 22 000 voix d’avance en 2016.
Lactalis a atteint les 20 milliards d'euros de CA en 2019
Le géant français Lactalis a atteint les 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires lors de son exercice 2019 et va investir 200 millions d'euros «tous les ans» dans ses 70 sites français, annonce son PDG Emmanuel Besnier dans un entretien au Journal du Dimanche. ICI
Emmanuel Besnier, président de Lactalis : « Nous voulons nous ouvrir »
«Notre activité s'est bien développée, avec une progression de 8%. Nous atteignons pour la première fois les 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires, objectif que nous avions fixé pour 2020», déclare le président du numéro un mondial des produits laitiers, qui avait engrangé 18,5 milliards d'euros au cours de l'exercice précédent.
«Plusieurs acquisitions nous ont permis de grandir plus vite en 2019. Nous sommes désormais le numéro un des produits laitiers au Brésil et le leader du yaourt bio aux États-Unis», ajoute Emmanuel Besnier.
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Faudra-t-il que je fasse un dessin pour que les tenants de la compétitivité volumique à tout prix comprennent qu’ils sont à côté de la plaque.