Pourquoi écrire chaque jour ?
Pour qui écrit-on des chroniques que l’on jette depuis 13 ans sur l’immensité de la Toile ?
Ma réponse est simple, pour des gens comme PAX, JPK et bien d’autres…
« Une chronique il faudrait la faire pousser comme une herbe dans les fentes d’un mur, dans les pierres de l’emploi du temps ». Alexandre Vialatte.
Ces derniers mois, fréquentant assidument mon lit pour cause de gamelle, j’ai beaucoup lu et, bien sûr, j’ai fait par ici de mes coups de cœur.
Le sieur Pax, qui a chroniqué dans mon petit espace de liberté, a repris la balle au bond :
« Essayez Artana ! ARTANA ! chez Gallimard de Didier Daeninckx qui avait écrit, en moins noir mais tout aussi tristement réaliste Retour à Béziers* Chez Verdier éditeur.
Lire ICI :
J’ai donc acheté Artana ! Artana !
Je ne l’ai pas regretté c’est un excellent roman qui démarre comme un polar, avec le meurtre en Thaïlande d’un jeune de Courvilliers et se poursuit par le procès du clientélisme dans quatre villes fictives de Seine-Saint-Denis.
Courvilliers est une synthèse des villes de Saint-Denis, Bagnolet et surtout d’Aubervilliers où l’auteur vit depuis de longues années.
Didier Daeninckx utilise le prétexte de la fiction pour dresser un violent réquisitoire contre la gestion de certaines municipalités du 93 et régler quelques comptes politiques. Il mêle des événements bien réels et d’autres sortis de son imagination. Dans la fiction, les élus pactisent avec des caïds de la drogue pour conserver leur pouvoir ; fiction qui colle sans raccord à la réalité : « En 2014, dans les villes comme Aubervilliers, Saint-Denis, Noisy-le-Sec, Bobigny, des têtes de liste aux municipales ont passé une alliance avec les bandits du secteur pour se faire élire ou se maintenir en place ».
Des personnages inspirés d’élus du 93
« Il compose une galerie de personnages affublés de pseudo cousus de fil blanc. « Patrick Muletier », le maire de Courvilliers, « dont la plus grande des qualités a été d’épouser la fille du Commandeur », ressemble à s’y méprendre à l’ancien maire PCF d’Aubervilliers, Pascal Beaudet. Le Commandeur pourrait bien être le double de Jack Ralite. »
« Pour assurer son pouvoir, le Commandeur a appliqué la règle d’or de tous les politiciens aguerris : s’entourer de médiocres »
« En 2014, il y a eu un effondrement démocratique » interview de Didier Daeninckx au Parisien
« Loin de tout angélisme, mêlant harmonieusement sujet criminel et regard sur la société, toujours parfaitement documenté, Daeninckx utilise sa tonalité personnelle pour dresser un portrait de notre époque. Une belle réussite de plus à son actif. »
Merci PAX !
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« Il restait pourtant un évident point faible : le département de la Seine-Saint-Denis, concédé par le pouvoir gaulliste aux communistes, et laissé depuis presque à l’abandon comme si le département qui tenait son nom du lieu où se trouvait le tombeau des rois de France devait demeurer un point aveugle du jacobinisme. La nouvelle carte de l’Ile-de-France ressemblait à cette illusion optique qui consistait, en fixant un point noir, à en faire disparaître un autre, situé juste à côté mais qui tombait à l’emplacement où le nerf optique se raccordait à la rétine – c’était ainsi que disparaîtrait la Seine-Saint-Denis, servitude fonctionnelle de Paris, territoire presque maudit du nord-est dont le nom lui-même finirait par disparaître derrière un numéro prophétique et vengeur, le 93, qui se décomposerait à son tour en deux chiffres, hâtifs et maladroits, 9-3, qu’on verrait dessinés à la bombe sur les ruines de la ville moderne par ses ressortissants analphabètes. »
Page 21 Le Grand Paris Aurélien Béranger chez Gallimard