Le marché d'Aligre (Paris 12), filmé dimanche matin par le journaliste Rémy Buisine © Capture d'écran
Hier, je suis allé à mon bureau de vote pour voir si les consignes gouvernementales étaient respectées ; ce fut le cas et j’ai donc voté.
Au retour je me suis arrêté à la supérette pour acheter des croquettes pour le chat et j’ai croisé un couple, 35-40 ans, qui poussait un chariot bourré de rouleaux de PQ.
Selon Dimitrios Tsivrikos, spécialiste des sciences du comportement à l'University College London, le papier-toilette est devenu "l'icône de la panique collective".
"Si nous pouvons remplir nos placards avec de grands paquets de papier-toilette, c'est visuellement rassurant. Parce qu'il a une durée de conservation beaucoup plus longue que les aliments, qu'il est clairement visible sur les étagères et qu'il est de grande taille, nous sommes psychologiquement attirés par ce produit en temps de crise", déclare Tsivrikos à Sky News. Plus une chose est grande, plus il est important que nous en trouvions dans nos placards
Étonnant et attristant !
Depuis ma sortie je vis confiné dans mon appartement, j’ai de quoi me nourrir, je lis, je regarde des films sur le câble, je suis l’actualité sur les réseaux sociaux.
Et là que vois-je à Paris ?
Sur le marché d’Aligre, sur les berges de la Seine, du Canal, dans les jardins publics : la foule !
Je pourrais m’exclamer : les cons !
C’est dans la droite ligne de l’incivilité qui règne sur la chaussée, du moi-je, de l’incapacité à comprendre un message simple : le confinement est le seul pare-feu contre la diffusion du virus, car il rompt la chaîne de transmission.
Putain, faudra-t-il en arriver à un couvre-feu, à des mesures autoritaires face à ce déni de respecter le vivre ensemble ?
Foin de calculs politiciens, que les pouvoirs publics mettent les élections municipales entre-parenthèses, nous revoterons en temps voulu, la patrie n’est pas en danger.
Nous sommes tous, potentiellement, des porteurs sains qui s’ignorent, sortir, entrer en contact, c’est accélérer le rythme de la pandémie et amplifier le risque de voir nos services hospitaliers débordés par l’afflux de nos concitoyens ayant des pathologies à risque.
Pour ces gens-là ça n’arrive qu’aux autres, moi je suis invulnérable comme l’explique cette scientifique.
« C'est sur cet aspect majeur des modélisations épidémiologiques que travaille Jocelyn Raude, maître de conférences à l’École des hautes études de santé publique (EHESP), et chercheur à l’Unité des Virus Emergent de Marseille. Pour Sciences et Avenir, il décrypte les principaux phénomènes sociaux observés : du biais d'optimisme à la panique rationnelle. »
« Nous avons observé des choses plus classiques du point de vue de la psychologie comme le biais d'optimisme qui fait qu'on tend à sous-estimer le risque d'événement négatif pour soi-même. C'est un peu l'exemple du fumeur qui se croit moins vulnérable que les autres vis-à-vis du cancer. Ce biais cognitif classique relève de ce qu’on appelle l’optimisme irréaliste. Des mesures fortes prises contre la propagation d'un virus pourraient toutefois modifier ce sentiment d'invulnérabilité »
Voilà, c’est écrit, je retourne à mes livres, bonne journée, prenez soin de vous chez vous pour prendre soin de ceux qui ont besoin de soins, parole d’un ancien pensionnaire du service des urgences respiratoires de l’hôpital Cochin.