C’est d’un blogueur belge, Philippe Schoepen, et ça ne se fume pas comme la moquette…
Les gens c’est du Mélenchon de campagne (ne pas confondre avec le pâté) : adieu « camarades », bonjour « les gens » !
Et pourtant, juste après mai 68, où le PCF et la CGT s’étaient encore illustrés par leur incapacité à comprendre la nature profonde du mouvement, sauvant De Gaulle du naufrage, Jean Ferrat, l’Ardéchois, compagnon de route fidèle, chantait :
«C’est un joli nom camarade, c’est un joli nom tu sais, qui marie cerise et grenade, aux cents fleurs du mois de mai»
Le Grand soir c’était même le titre de l’album.
À la poubelle camarade en compagnie de l’Internationale, comme le dit Manuel Bompard, ancien directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon : « Les gens », c’est le peuple.
Nous y voilà : Le PEUPLE.
Voilà le grand fourre-tout où tu entasse indistinctement tous les mécontents des deux bords, des deux extrêmes, c’est commode et jugé plus efficace que l’appel au grand soir qui comme l'Arlésienne n’arrive jamais.
C’est une expression pensée politiquement « Notre volonté était de nous adresser au plus grand nombre, pas qu’à la gauche de la gauche. »reconnait Manuel Bompard. « Ça s’inscrit dans la logique d’une stratégie politique, on doit parler grand angle, et pas seulement à des catégories particulières. »
Ha ! Le peuple :
« De Gaulle rentre dans la capitale l’après-midi du 25 août 1944. A la gare Montparnasse, le général Leclerc lui remet la lettre de reddition du gouverneur allemand, Von Choltitz, arrêté le matin même à l’hôtel Meurice. Malgré les réverbères éteints, faute d’électricité et les habitants privés de bus, de métro et pratiquement de voitures, la capitale, se réveille avec ferveur de quatre années d’occupation. Un peu partout les gens descendent dans la rue manifester leur joie. Les drapeaux tricolores, sortis comme par miracle, fleurissent jusqu’au au sommet de la tour Eiffel. Sur le parvis de l’Hôtel de ville, les ministres et commissaires de la République qui viennent d’être nommés attendent le chef de la Résistance. C’est ici que ce dernier prononce sont célèbre discours : « Nous sommes ici… Nous sommes ici chez nous ! Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! »
« Le samedi 26 août, à 15 heures c’est l’apothéose, sous l’Arc de triomphe le Général ranime la flamme du Soldat inconnu et se retournant descend les Champs Elysées devant une foule innombrable qui se presse pour officialiser ce premier jour de liberté. Ce jour, de Gaulle le célébrera chaque année comme le jour de l’élan national. »
« Mais quatre mois plus tôt, le 26 avril 1944, à quelques semaines du débarquement, le maréchal Pétain s’adressait dans ce même Hôtel de Ville à une foule très dense, ressemblant fort à celle massée en août. Or cette foule en liesse l’acclame et chante… la Marseillaise. Ce jour-là, Philippe Pétain déclare aux Parisiens : « Je ne voulais pas passer à Paris sans venir vous saluer, sans venir me rappeler à votre souvenir, une circonstance malheureuse m’y a ramené (les 641 victimes des bombardements alliées). Je suis venu ici pour vous soulager de tous les maux qui planent sur Paris. J’en suis encore très, très, très attristé. Mais c’est une première visite que je vous fais. J’espère bien que je pourrai venir facilement à Paris, sans être obligé de prévenir mes gardiens… Aujourd’hui, ce n’est pas une visite d’entrée dans Paris, que je vous fais, c’est une petite visite de reconnaissance. Je pense à vous beaucoup. Soyez sûrs que dès que je le pourrai, je viendrai et alors ce sera une visite officielle. Alors, à bientôt j’espère. »
Le peuple c’est un tout informe, la somme de non-identifiés, c’est commode, ça se jette au gré des circonstances, des humeurs, dans les bras du premier venu, un Trump par exemple, c’est le terreau du populisme, perméable aux forts en gueule, les Doriot, les Céline, c’est nous, c’est moi, c’est vous, c’est notre voisin qui gave ses allées de Roundup, qui chasse, qui a un 4x4, qui n’aime pas les arabes… je ne sais…
Qui se souvient de l’épisode : NUIT DEBOUT et d’un de ses chantres Frédéric Lordon qui a disparu des radars laissant la place à son ex-compagne insoumise Aude Lancelin boss du fameux Média de la sulfureuse Chikirou ?
« Frédéric Lordon, économiste et philosophe, s’est construit sur la scène contemporaine l’image d’un intellectuel intransigeant. Il a été identifié comme l’un des porte-paroles du mouvement Nuit Debout. Croyant vivre un moment historique, il éructa, à l’occasion d’une assemblée générale du mouvement dans un amphithéâtre de la Sorbonne : « Nous n’apportons pas la paix ! » Finalement, le « peuple » n’a pas voulu de sa révolution. Et c’est là une ingratitude incompréhensible, car l’intellectuel ne cesse d’invoquer ce peuple et la trahison dont il serait victime par les élites, en particulier médiatiques. Il sait, lui, ce que veut le peuple. À la façon d’un ventriloque avec sa marionnette, il nous fait entendre que son aspiration profonde serait la lutte contre ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation néo-libérale. Cependant, cette aspiration est contrariée par le « système », qui l’empêcherait de penser librement et le conduirait vers les affres de la théorie du complot et de la post-vérité. C’est de cette façon, mais reconnaissons-le par des tournures plus habiles, qu’il évoque dur un blog qu’il tient dans les pages du Monde diplomatique, certaines formes de la crédulité contemporaine. Le conspirationnisme, écrit-il, est « le symptôme nécessaire de la dépossession politique et de la confiscation du débat public ».
[…]
« Or, ce type d’approche herméneutique qui consiste à décrypter ce qu’un groupe voudrait dire mais qu’il ne peut pas dire et qui, par un heureux hasard, correspond justement à ce que le ventriloque savant voudrait qu’il dise, est une forme d’égarement bien connu de la littérature académique qui s’est intéressée aux théories du complot. Il est donc dommage que Lordon ne l’a manifestement pas lue, sinon il aurait vu que la fait de manipuler sans précaution des entités collectives – le peuple, le pouvoir, etc. – en leur prêtant des intentions cohérentes est un processus intellectuel douteux. »
Confirmation par Emmanuel Todd le sociologue du café de commerce :
« Le 11 janvier 2015, quatre millions de personnes sont descendues dans la rue en France pour manifester leur effroi après les attentats ayant frappé Charlie Hebdo. Au-delà de cette manifestation même, les déclarations « Je suis Charlie » sont devenues virales au point de devenir l’étendard de beaucoup. »
J’en étais même si par la suite je n’ai brandi aucun étendard.
Dans son livre Qui est Charlie ? Monsieur Todd nous assène sa vérité, celle qui se cache dans le fond de nos têtes, nos ressorts profonds que nous feignons d’ignorer.
« Pour lui, la belle unanimité qui se réclamait d’une indignation généreuse et humaniste cachait ses vraies raisons : il s’agissait en réalité d’une manifestation de haine de l’islam, « la religion des plus faibles », venant d’une part des classes moyennes, et d’autre part, de zones géographiques historiquement les moins républicaines, celle que Todd estime caractérisées par un « catholicisme zombie ». Ce terme est intéressant, car il signifie que les individus n’ont pas forcément conscience de porter des valeurs catholiques et haineuses. Au-delà même, l’essayiste considère qu’une « quantité innombrable de gens ne savaient pas ce qu’ils faisaient là le 11 janvier ». Charitable, il ajoute : « Mon but, c’est de faire comprendre aux gens les valeurs profondes qui les font agir et qui ne sont généralement pas celles qu’ils imaginent. »
Fermez le ban !
Les Nabilla de la pensée faut arrêter de prendre les cons pour des gens !
Les citations ci-dessus sont extraites du livre de Gérald Bronner Cabinet de curiosités sociales
« … dans le marché saturé d’informations, l’économie de l’attention est très concurrentielle. Dans ces conditions les différentes formes de l’outrance constituent des stratégies possibles pour se distinguer.
Le monde intellectuel ne paraît pas faire exception lorsque certains ne souhaitent pas tant défendre une idée qu’ils croient juste, qu’une posture qu’ils espèrent visible. Ces buzzophages, dont certains prétendent pourtant penser les conditions de ce qui nous détermine, ne paraissent pas clairement voir qu’ils sont comme des rats dans un labyrinthe, instrumentalisant et en étant victimes à la fois des mécanismes du marché. »
Et Onfray apparu sur nos écrans en glosant de doigt dans le cul, Nabilla n’en est pas arrivé là…