Gabriel Simon sur FB : Depuis samedi , impossible de rentrer sur l’exploitation, les gilets jaunes bloquent l’accès et m’empêche de travailler .
En dépit de ce que je lis, et je lis beaucoup car j’ai du temps, je ne sais toujours pas qui sont les gilets jaunes, en effet celles et ceux qui en parlent le font soit d’en haut, du haut de leur chaire, de leurs présupposés idéologiques, d’une manière générale ; soit d’en bas en tendant des micros à des individus isolés, ceux qui veulent ou peuvent prendre la parole, les forts en gueule, les excités.
N’ayant ni les moyens, ni l’envie de me rendre à leur rencontre, je me suis dit ce matin : pourquoi ne pas faire un appel à témoignages auprès d’une population de référence : les vignerons.
Il doit bien y en avoir, même si dans l’esprit de nos concitoyens les vignerons « bénéficient » d’une image de privilégiés par rapport à l’ensemble de la population agricole.
Cette image, pas forcément conforme à la réalité économique et sociale, a été renforcée ce dimanche de manifestations, par la médiatisation des Ventes des Hospices de Beaune qui ont atteint des sommets.
@LaurentGotti
Vertigineux ! Il y a tout juste dix ans la vente aux enchères des Hospices rapportait 2,8 millions d’euros. C'est Près de 14 aujourd’hui. #HospicesdeBeaune
Vins : record historique pour les ventes des Hospices de Beaune
L’engouement pour les grands crus bourguignons n’a pas faibli, dimanche, à l’occasion de la 158e édition de ce rendez-vous prisé des amateurs et censé donner le pouls du vignoble.
Par Laurence Girard ICI
De même, ce lundi, arpentant les allées de la dégustation de Biodivin dans le sous-sol du prestigieux et luxueux Grand Hôtel, je n’avais pas forcément le sentiment de côtoyer des gens candidats au port du gilet jaune.
Pour lever le doute je m’en remets à vous chers lecteurs vignerons ou non.
Apportez-moi votre témoignage j’en ferai bon usage !
Il ne s’agit pas pour moi d’instruire un quelconque procès, de trier le bon grain de l’ivraie, mais de comprendre les ressorts, les racines profondes de ce mouvement d’apparence spontané.
Une mobilisation née sur les réseaux sociaux
« Pour comprendre la singularité du mouvement des "gilets jaunes", il faut d'abord s'intéresser à sa genèse. Celle-ci se retrouve sur Internet, et plus particulièrement les réseaux sociaux. Jacline Mouraud, qui est devenue l'une des figures de proue de la contestation, s'est fait connaître en filmant une petite vidéo avec son smartphone et en la diffusant sur Facebook. C'est aussi sur cette plateforme que de nombreuses actions concrètes le jour J se sont organisées. Des pages avec une carte en direct des blocages ont été "aimées", donc suivies, par des dizaines de milliers d'internautes. Elles ont également mis à disposition des pétitions, partagées sous forme de Google Doc, à remettre aux députés de chaque région.
"La force des gilets jaunes, c'est celle des réseaux sociaux, des pétitions en ligne et de Facebook. La colère est réelle mais l'outil, lui, reste virtuel", analyse Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du Travail, au micro d'Europe 1. Pour Stéphane Sirot, historien spécialiste des mouvements sociaux et du syndicalisme, "cette forme de mobilisation avec une telle ampleur est inédite dans le champ social". "On entend beaucoup de comparaisons avec le mouvement poujadiste ou les jacqueries moyenâgeuses. Il me semble que cela atteint vite ses limites", nous explique-t-il. "Si comparaison il faut faire, même si là aussi cela va trouver une limite, c'est plutôt avec les printemps arabes. Parce qu'on a quelque chose de commun : le fait que tout est parti, s'est organisé via les réseaux sociaux, de manière totalement horizontale." Et c'est cela qui est inédit. "Dans la façon dont la mayonnaise a pris, on est là face à un objet nouveau en France, mais pas si nouveau si on va voir ailleurs", conclut Stéphane Sirot.
La classe moyenne se mobilise
Du fait de sa naissance et sa propagation sur Internet, la colère était difficile à mesurer avant le 17 novembre. Tous ces "likes" sur Facebook allaient-ils se traduire par des barricades ? Les chiffres ne laissent aucune place au doute : avec 290.000 "gilets jaunes" sur le pont le samedi, et encore quelques milliers deux jours plus tard, les réseaux sociaux ont engendré une mobilisation bien réelle.
Ce qui s'est passé, c'est un délitement de ce qu'on appelait la classe moyenne, ces ouvriers, ces employés, ces paysans, ces petits indépendants.
Et ceux que l'on a retrouvés dans la rue ce week-end, c'est la classe moyenne, selon Christophe Guilluy, géographe et auteur de No Society – la fin de la classe moyenne occidentale. "Ce qui s'est passé, c'est ce qui se passe depuis dix, vingt, trente ans, c'est-à-dire un délitement de ce qu'on appelait la classe moyenne, ces ouvriers, ces employés, ces paysans, ces petits indépendants", analyse-t-il au micro d'Europe 1. Des gens qui souffrent, selon le géographe, à la fois d'une "relégation culturelle" et du fait qu'ils sont "de moins en moins intégrés économiquement". "Si vous n'intégrez pas ce qui représente la majorité des gens qui vivent dans ce pays, forcément il y a un problème", souligne Christophe Guilluy.
"Qui bloquait ce week-end ? Essentiellement le salarié médian", abonde Stéphane Sirot. "La sociologie des 'gilets jaunes' est essentiellement marquée par cette catégorie-là. Bien sûr, il y a un mélange qui va au-delà, mais c'est avant tout le peuple salarié moyen, voire très moyen qui est présent."
Gilets jaunes« : « Attention à ne pas les réduire à un mouvement extrémiste »
Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, décrit une « coalition de personnes de milieux et d’opinions parfois très différents ».
Propos recueillis par Faustine Vincent
Quelque 20 000 « gilets jaunes » ont poursuivi, lundi 19 novembre, les opérations de blocage pour la troisième journée d’affilée, tandis que le gouvernement affichait son inflexibilité sur sa politique économique. Samedi, ils étaient près de 290 000 à bloquer les routes sur plus de 2 000 sites. Le bilan humain a été particulièrement lourd. Une manifestante est morte, percutée par une automobiliste prise de panique après que des « gilets jaunes » ont tapé sur son véhicule, et 528 personnes ont été blessées, dont 17 grièvement. La presse locale a par ailleurs évoqué une agression homophobe, une raciste et une islamophobe.
Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, observe que « des extrémistes figurent parmi les manifestants » mais appelle à « ne pas généraliser », et revient sur les racines du mouvement.